La célébrité a fini par tenir à des initiales. A l'in"star" de P.P.D.A., V.G.E., D.S.K., etc.
Le cas "J.F.K.", pour John Fitzgerald Kennedy, a secoué à nouveau l'opinion mondiale avec ce film d'Oliver Stone. Dense, intense, il illustre en effet l'enquête du procureur qui a nié le fameux - et assez fumeux - Rapport Warren. Jim Garrison a même écrit "Sur la piste des assassins". Pluriel essentiel.
Le film adapte le livre, à la fois thriller et réquisitoire politique, autour du premier
des "aveux" de Lee Harvey Oswald : "Je suis un bouc émissaire...".
Le plus percutant, si l'on ose rire, dans "J.F.K.", ce sont les images d'un assassinat vu et revu. Résumé façon manuel scolaire : John F. Kennedy, 1917-1963, le plus jeune et le plus charismatique président des U.S.A., élu en 1960, qu'on voit en grand et en vrai se tasser sur lui-même, le crâne explosé ! Stone utilise là, bien sûr, le fameux document 8 mm de Zapruder. Et il intercale une totale et formidable reconstitution. Vrai et faux habilement mixés pour l'arrestation, le meurtre d'Oswald, l'autopsie présidentielle. Manipulation des images contre celle des faits ? En tout cas, choc visuel et émotionnel rares, grâce à un montage exceptionnel. Ce qui renforce la question clé : comment cette monstruosité a-t-elle pu se produire dans la plus grande démocratie du monde ? Et pourquoi ?
Le jour fatal, devant un téléviseur, le procureur Garrison gémit sa "honte d'être Américain". Trois ans plus tard, fort d'une confidence de sénateur et d'une piste sur sa juridiction, à La Nouvelle-Orléans, il lance sa contre-enquête. Pour prouver, dans l'optique du complot dont il est convaincu, que le 22 novembre 1963, à Dallas (Texas), "le crime était presque parfait" !
Et c'est le "presque" qui tient en haleine le spectateur durant un peu plus de 3 h.
Avec son style incisif, Stone montre le chevalier blanc disséquant avec une équipe accrocheuse un dossier miné par des incohérences, des contradictions... Du connu, mais à l'impact intact. Comme celui des balles qui supposent non pas 1 tireur mais 3, postés en triangle ! Entre autres. En fin de compte, est accusée la "convergence d'intérêt". Pour supprimer celui qui allait peut-être priver le lobby militaro-industriel du conflit vietnamien ; neutraliser les ségrégationnistes en écoutant davantage les Noirs ; ou dialoguer avec Kroutchev vingt ans avant Reagan et Gorbatchev !
Balle - à blanc seulement - contre ce tableau présidentiel : cela tend à faire de J.F.K. un quasi-saint. Et on sait qu'il n'en était pas un, avec notamment le Diable au corps !
De même, si l'on ne peut qu'encenser Kevin Costner dans un rôle de justicier pur et dur qui plaidait pour un Oscar, on sait aussi que son modèle a usé de méthodes critiquables. Reste son combat exemplaire au nom de la Justice, avec une plaidoirie morceau de bravoure.
Et c'est l'Amérique courageuse, celle qui s'autocritique pour mieux se réconcilier avec elle-même, qui triomphe dans "J.F.K.". C.Q.F.D.