Excellent documentaire, comme souvent avec Arte, qui relie la carrière fulgurante de Jim Carrey à l'histoire américaine contemporaine pour démontrer a quel point l'industrie hollywoodienne est une arme de propagande culturelle massive.
Sans rentrer dans les détails (ils sont minutieusement argumentés ici), on pourra schématiser vulgairement en disant que la comédie outrancière Carreyenne est une forme d'exutoire libératrice à l'impérialisme et la ségrégation US de ces dernières années. Forte de ces vases communicants, elle déclinera inexorablement à mesure que les gros networks reinvestiront le champ de la guerre idéologique pour redorer le blason de la Maison Blanche (à l'époque de la guerre du Vietnam Rambo, Terminator, Steven Seagal et quelques autres remplissaient cet office et ils sont aujourd'hui remplacés par Marvel, DC et compagnie)
La piste de l'enfant éternel cherchant à rester sous la garde de ses parents est également creusée car ceux-ci ont connus des existences pénibles et ont prématurément disparus, devastant ainsi le tout jeune Jim orphelin de son Canada natal. Sorte de Charlot plus anxiogène, il n'aura de cesse de caricaturer les tabous du voisin géant pour mieux signifier son militantisme pacifiste. Quitte parfois à dépasser des limites qu'il n'arrivait plus a se fixer, finissant par lasser son audience. Il se réinvente alors en avatar numérique toujours aussi grinçant pour continuer de damner le pion aux supers héros réactionnaires.