J'ai découvert le cinéma de Ken Loach grâce à arte, je devais avoir 16 ou 17 ans, avec Just a kiss, qui hante encore ma mémoire. C'est pourquoi j'ai eu envie de voir Jimmy's Hall dès que j'en ai entendu parler, et encore plus après avoir vu la bande-annonce de ce qui s'annonçait comme une nouvelle pépite du réalisateur. Ah, Jimmy's Hall, ce fut le parcours du combattant pour voir ce film ! D'abord, parce que je suis chiante, je voulais le voir en vo ou rien, et évidemment, il ne passait qu'en version française dans le ciné près de chez moi. Malgré une escapade dijonnaise, je n'ai pas eu le temps de rattraper mon retard dans la capitale des Ducs de Bourgogne, et c'est bien des semaines plus tard, dans les reculées contrées avallonaises que j'ai enfin pu voir, que dis-je, savourer ce film comme il se devait.
Me voilà enfin, assise dans le noir, attendant que le film commence. On commence sur des images d'archive, après le crash boursier de 1929, on voit la misère de la ville. Contraste avec la verte Irlande qui s'arrête là, car la misère, elle, est partout. Jimmy, ses convictions politiques et ses acolytes derrière lui, se battent contre cette misère et ses injustices, luttant contre des prêcheurs de la bonne parole, catholiques aux tendances capitalistes et sûrs de leur bon droit. Cette histoire pourrait s'arrêter là, une lutte sociale, basique.
Mais bientôt, c'est magique. C'est magique parce que les personnages sont forts, ils ne sont pas là que pour illustrer une idée et une lutte, ils ont envie de vivre, et bien au-delà d'un message politique quelconque, ils ont soif de liberté. Je ne suis pas branchée politique, et encore moins religion, même si je sais que c'est quelque chose de très important dans l'oeuvre de Ken Loach, mais j'aime penser que c'est avant tout une lutte pour la liberté.
La magie surtout, c'est la musique. Que ce soient les chants traditionnels, ou le jazz d'ailleurs. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ma scène préférée de Titanic, quand Leo et Kate dansent en troisième classe sur cette musique irlandaise divine, dans la chaleur étouffante des corps, grisés par la danse et les rires... C'était au moins aussi génial. Mais dans Jimmy's Hall, la scène que j'ai préférée n'est pas une scène du dancing, malgré la beauté, que je ne pouvais pas ne pas mentionner, de cette danse sublime et silencieuse entre Jimmy et Oonagh, dans une semi-obscurité intimiste. Malgré la beauté de cette séquence, ma préférée, c'est la scène finale. Tous ces jeunes qui arrêtent le véhicule, dans leur impulsivité, dans leur spontanéité, et qui promettent de ne jamais arrêter de danser... on ne devrait jamais arrêter de danser, comme si la vie en dépendait.