Je découvre Loach avec son dernier film, et apparemment le dernier des derniers. Considéré un peu partout comme une oeuvre mineure de son auteur, l'ensemble m'a tout de même convaincu. Bon d'habitude je n'aime pas trop que l'on me donne des cours d'histoire au cinéma mais l'introduction a le mérite de placer le spectateur qui ignore beaucoup de choses de la révolution irlandaise dans le bain de manière très concise (et je faisais partie de ce genre de spectateurs, honte à moi). Je découvre donc ce pan de l'Histoire qui m'était plutôt méconnu en même temps que je découvre ces magnifiques paysages irlandaises sublimés par une mise en scène et une photographie aussi sobres que belles. Pas besoin d'en faire des tonnes, le film est un modèle de simplicité formelle bienvenue vu le sujet.
Le coeur du film se concentre sur cette communauté villageoise du fin fond de l'Irlande du début des années 30. Et ça tombe bien c'est ce qui m'a le plus plu dans ce film. On y suit des gens pas forcément intelligents ni cultivés qui cherchent, justement, à s'élever sur ces domaines-ci, qui cherchent à "s'améliorer" par le biais de lectures, de découvertes, d'échanges. La communauté parfaite en somme, perturbée bien entendu par des réactionnaires qui ne tolèrent pas tout ce cirque sur leur terre. Et c'est là où le bât blesse, Jimmy's Hall est un film relativement maladroit. Nous avons d'un côté les simples gens honnêtes et travailleurs avec à leur tête Jimmy, militant communiste tout propre sur lui ou presque face à la noblesse et au clergé ultra conservateurs accompagnés par des graines de fascistes prêts à en découdre. Un peu manichéen sur les bords ce tableau. Je pense que l'opposition aurait été plus intéressante avec un camp des "gentils" moins lisse. Malgré tout on a un duel principal entre Jimmy et le prêtre qui prend une dimension assez ambiguë où les deux parties ne se font pas de cadeaux malgré une certaine admiration de l'un pour l'autre. C'est un bon point justement, on évite la charge facile bien que le tout méritait d'être un peu plus nuancé.
Loin d'être un film pro-coco, Jimmy's Hall a le mérite de ne pas être trop politisé si on ferme les yeux sur ce discours un peu maladroit sur la charrette. Le film parle plus de l'humain que d'autre chose et c'est réussi. Outre l'aspect social particulièrement présent, nous avons aussi une touche de poésie entre Jimmy et son ancien amour. C'est tendre, touchant et pessimiste également. Les rapports humains sont justement traités avec cette intelligence très appréciable. Les acteurs sont globalement très convaincants, souvent composés du "cru local". L'acteur principal est cool. Et pour un film qui traite de l'humain, ça a son importance mine de rien.
Un film que j'ai bien aimé dans l'ensemble. Pour ma part je trouve le sujet très intéressant, plutôt bien traité même si ça manque un peu d'audace. Ça reste tout de même un film plutôt stimulant car il véhicule des valeurs simples par le biais de ses personnages telles que l'espérance et la solidarité. Un aspect touchant qui m'aura parlé. Je pardonne volontiers les petites faiblesses du film et me tournerai très certainement vers d'autres films du cinéaste.