Jin-Roh nous dépeint un Japon à la sauce the Man In The High Castle après une occupation par une Allemagne hégémonique. Une ambiance très particulière va accompagner le récit avec cette opposition permanente entre dépaysement et impression de déjà-vu. Cette atmosphère lancinante, par ses aspects contemplatifs, évite les lenteurs par des scènes d'actions toujours utiles au développement des personnages. On pourrait reprocher un manque de profondeur de ces derniers, mais tout cela semble logique, ici on a affaire à des soldats surentraînés, des anciens collabos, des policiers aguerris et des résistants fanatiques mais chacun semble avoir parfaitement conscience de n'être qu'un pion. Ces personnages retranscrivent l'explosion imminente de cette société japonaise. L'explosion est en soi un motif à part entière du film : l'explosion au sens brut avec les bombes de la Secte, l'explosion du personnage principal, l'explosion des relations entre les personnages, explosion de la société et l'explosion de la fameuse unité Panzer. La mise en scène maîtrisée de Mamoru Oshii fait planer une tension tout au long de l'histoire. L'unité Panzer reste assez discrète, mais ses rares interventions, minutieusement placées, montrent qu'elle est clairement au-dessus et la crainte que l'unité inspire dans cet univers est largement compréhensible.