Jin-Roh - La Brigade des loups
7.4
Jin-Roh - La Brigade des loups

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Okiura (1999)


Un Japon imaginaire inspiré de faits réels




"Le film se déroule dans les Années 60. À cette époque, nous avions
des problèmes. En 1960, il y a eu une série d'émeutes organisées par
les syndicats de travailleurs et d'étudiants contre le traité de
sécurité. C'est le point de départ du film. Or, cette situation n'est
pas sans rapport avec l'époque actuelle, car on peut sentir le même
besoin d'émancipation, pour des raisons différentes, aujourd'hui au
sein de la société japonaise... L'univers du film est basé sur une
image personnelle du Japon de l'après-guerre. J'ai le souvenir d'une
époque ou le Japon et même le monde entier pouvaient encore changer."



Mamoru OSHII


Avant même d'aborder le film Jin Roh, que l'on pourrait traduire par homme loup, il faut préciser l'ascendance de l'univers de ce film dans 4 films : Lunettes rouges 1986, Talking Head 1992, Stray Dog 1991 et Kerberos Panzer Cops 1995 et de son manga citer plus haut. Autrement dit, cette univers tient tout particulièrement à coeur à son auteur, car il est issue de sa propre histoire. Grand militant politique au passé pas très reluisant, soit dit en passant, Mamoru OSHII est définitivement marqué par cette époque trouble qui fut celle de son enfance. Tellement marqué que pour exorciser ce mal-être, il en passe par le cinéma, rejette son semblable humain (si vous n'avez pas vu Innocence - Ghost in the Shell ou Avalon, c'est le moment) et crée ce qui est son oeuvre la plus directement personnelle avec cet univers.


Vous l'avez compris, Jin Roh est un gros pavé dans lequel se conclue cet uchronie.
Je ne peux pas rester en surface, il faut creuser pour mettre au jour toute la substance de ce film.


Cependant, Jin Roh n'est pas un film de Mamoru Oshii mais c'est le premier de Hiroyuki Okiura, un proche collaborateur du maître qui a officié sur Ghost In The Shell entre autre, comme animateur clef et Chara-designer.



• Jin Roh: la contribution de OSHII



Il est évident qu'elle n'est pas anodine, compte tenu de l'univers développé autour de cette histoire. Personnelle, politique, philosophique, OHII n'a rien négligé, écrivant ce que je considère à titre personnel, comme le scénario parfait (oui, rien que ça ). Son scénario comprend 3 niveaux de lecture:



  • le complot politique

  • l'histoire d'amour mort-née

  • le combat de l'Homme contre l'Animal


OSHII prend le temps de poser ses enjeux et il le fait avec application et fluidité: d'abord le contexte politique (le conseil des chefs de la POSEM: Muroto, Aniya, Tatsumi et Handa), puis le combat d'un homme contre sa part d'animal (si l'incapacité de Fusé à tirer sur Nanami Agawa est l'élément déclencheur, le conseil de discipline marque le réel début de son questionnement), et enfin l'histoire d'amour (la rencontre entre Fusé et de Kei, la "soeur" de Nanami). 20 minutes sont nécessaires pour poser les bases de l'histoire qui 1h15 plus tard nous arrachera une larme... À partir du moment, ou les enjeux sont posés, il sont inextricablement lié et il ne manquera plus dans aucune scène un seul de ses trois éléments. Il est important aussi de voir à que OSHII a cherché à entremêler les histoires après les avoir défini une à la fois, plutôt que de les juxtaposer (une solution simpliste), un enjeu s'ajoutant au précédent. Ainsi, à la scène d'introduction informative qui pose brillamment le contexte politique, s'additionne la rencontre entre le Chaperon Rouge et le Panzer cop qui permet d'introduire le choc psychologique de Fusé et la thématique du combat Homme/ Animal, pour finir de se compléter avec la rencontre de Fusé et Kei Amamiya, la soeur de Nanami.


Si ces histoires sont complémentaires, elles n'en ont pas moins droit à leur scène introductive ou les autres pans de l'histoires sont occultés temporairement: pour la politique, c'est l'intro même du film. Là, tout est très clair, cette scène est complète, brillante et efficace. Elle occupe à elle seule les 10 premières minutes et montre avec puissance une émeute avec des flics qui chargent comme des bêtes des manifestants qui bombardent au cocktail molotof enrichi au Napalm pendant que des super flics typés "machine de guerre lourde" se tapent un carton sanglant sur des terroristes pour suivre dans la foulé sur cette rencontre entre l'Homme et L'Animal, rencontre qui se conclue de manière tragique. Cette scène détonne pour du dessin animé, nous rapproche du film live d'une manière troublante. À elle seule, l'introduction du film a dû dérouter toute personne qui pensait voir un manga plus classique.
Puis, on enchaîne sur le mal être de Fusé suite à cette rencontre. L'introduction du 2e enjeu à lieu dans le camps d'entraînement. On y voit un Fusé plus seul que jamais, muet menant sa carcasse où on lui ordonne d'aller. On se demande ce que peux bien faire cet homme au regard si vide au milieu de ces apprentis soldats. Puis, lors de sa permission, il revoit un ami qui lui donne le numéro de la tombe de la jeune fille qui s'est suicidée face à lui et dont le regard le hante. C'est dans ce tombeau qu'il va rencontrer la femme dont il tombe amoureux. Tout les deux décident d'aller marcher un peu. Elle lui explique pourquoi elle ne lui en veut pas, avec un détachement étrange et une évidente parade de séduction à laquelle elle se laisse d'ailleurs prendre: le simple fait de regarder les oiseaux voler, de parler de la mer et de s'extasier sur l'extérieure laisse entendre à Fusé qu'il s'agit d'une possible issue à son trouble car finalement, ces 2 êtres se rapprochent car ils aspirent aux mêmes choses. Le cadeau de ce conte cruel "Le petit chaperon rouge" qu'elle lui offre, complète encore plus cette vision des choses. Mais le contexte et la raison d'être de cette relation sera tuée dans l'oeuf avant d'avoir pu naître.


Les niveaux de lecture sont posés avec efficacité et les principaux personnages on un réel vécu en l'espace d'une demi heure. OSHII se risque à nous révéler sa trame narrative avec le conte du petit chaperon rouge, qui interviendra en voix off pour renforcer certain aspect du film. Du travail de pro.
La scène suivante est la première à poser les trois enjeux ensemble:
• le complot politique: Hashiroh Tobhe entraîne Fusé pour l'envoyer au feu,
• L'histoire d'amour naissante entre Kei et Fusé, à travers ces visions furtives de Nanami et Kei se superposant, Kei devenant de plus en plus présente,
• Le combat Homme/ Animal ou Fusé, dans son armure de Panzer se trouve avoir des réflexes et des attitudes humaines comme de laisser passer un spectre de Nanami et devenant même la raison pour laquelle il ne peut presser la détende sur son instructeur.
Dans chaque scène du film sont ainsi toujours présentes les trois thématiques. Si une de ces thématiques est plus importantes sur une de ses séquences, les 2 autres sont toujours abordées, même s'il s'agit d'une seul réplique. C'est ce qui donne une telle unité au métrage, donne l'impression que tout s'enchaîne avec fluidité, donne le sentiment de voir une oeuvre riche.



le petit chaperon rouge...



OSHII n'utilise pas le conte de Perrault, il lui préfère une version orale, moins traditionnelle et "heureuse". Il le justifie d'aileurs par la bouche de Tobhe l'instructeur :
"Les chasseurs qui tuent les loups, ça n'existe que dans les contes écrits par les humains."
Il offre une perspective nouvelle sur sa manière de penser et la place qu'il a au sein de la société : il se prend pour un loup, un chien et s'exclut de cette société d'humain qu'il déteste de plus en plus.
Ensuite, il dépeint dans le conte sa vision pessimiste de la société japonaise en la personnifiant : il s'agit de la mère. Cette mère qui dans le conte emprisonne sa fille dans une armure et lui ordonne de ne pas venir la voir tant que cette armure ne sera pas usée... Telle est société japonaise pour OSHII qui nie les désirs de ses enfants. Ces derniers tentent par tous les moyens de s'émanciper de ce parent autoritaire qui les mènent à leurs pertes. Les enfants de cette société n'en sont pas moins dépendant de cette mère: Kei et Fusé en sont les enfants et malgré leur désir d'émancipation, ils sont prisonniers de se carcan : ils se sentent coupables de vouloir être libres et indépendants d'elle mais savent qu'ils font parti d'elle.
Le loup est le pendant de l'humain, emplit de duplicité. Autant l'homme cherche à l'exterminer, autant le loup cherche à s'adapter... pour mieux détruire de l'intérieur. Tohbe, le loup par excellence, s'adapte, regarde, laisse faire et profite de la petite erreur par laquelle il s'engouffre et détruit. Il est un homme d'action. C'est le principe même et la raison de vivre de La brigade des Loups, cette faction secrète des Panzer. Le loup est partout dans Jin Roh, même en la personne de Kei, ce chaperon rouge qui amène des bombes pour tuer des humains.


C'est surtout à cet endroit que Hiroyuki OKIURA imprègne l'univers d'OSHII.
Où s'arrête l'humain?
Où commence le loup?
Qui sont-ils?
Et surtout, pourquoi se détruisent-ils mutuellement?



• Jin Roh: la contribution de OKIURA



OKIURA Hiroyuki est depuis longtemps un proche collaborateur d'OSHII et fait parti de son staff depuis plusieurs films, depuis Patlabor 2 très précisément. Doté d'un CV à décrocher la machoire en tant qu'animateur (Akira, Vénus Wars, Memories, Ghost in the shell, Innocence... ) ou Character Designer (Ghost in the shell, Innocence, Jin Roh...), ce génie arrive progressivement à la réalisation et nous livre une première oeuvre d'une haute qualité.


Totalement imprégné du matériau d'origine, il a demandé à OSHII de prendre une autre orientation hyper casse gueule pour un premier film: l'histoire d'amour. Atténuant le propos politique pour en ressortir le mal-être des japonais vis-à-vis de leur société, conservant la moelle et l'essence du film, il y ajoute sa propre sensibilité tout en restant proche d'un style Oshiien en diable, rythme lent compris. Mais il fait preuve d'une très grande maîtrise narrative, dépassant le Maître dans certaines scènes : les scènes d'actions sont d'une fluidité surprenante et ne sont pas plan/plan comme OSHII a tendance à les faire (Avalon ayant fait montre de ses limites). Les scènes d'actions sont d'ailleurs d'une violence impressionnante ou le sang gicle, la peur est palpable sur les visages des victimes. Elle est violente, car réaliste. OKIURA utilise de nombreux angles de vue différents, des mouvements et des angles risqués et inédits (le plan ou les soldats courent avec une "caméra" en contre plongé grand angle fish-eye, en animation, c'est du hors norme tant les difficultés dû à la perspective sont énormes). OKIURA montre qu'il est déjà un routard expérimenté de l'animation, et donne à son film une saveur de film live bienvenue, l'extirpant de la masse des films d'animation classique, faisant de son oeuvre un OVNI au sein de la production japonaise pourtant qualitative et très diversifié. D'un point de vue technique le travail n'en est que plus impressionnant car il s'agit du dernier film d'animation "100% fait main" (jusqu'au prochain) et on imagine sans mal le boulot de titan pour animer certains plans.
Techniquement, c'est donc une tuerie.
Mais voilà, ce tour de force est le plus minime.


La direction artistique est à la hauteur : reconstitution du vieux Japon, couleurs passées, presque sépia, qui donne un aspect décrépi au métrage, le scénario est d'une puissance et d'une profondeur peu commune qui aurait pu suffire...
OKIURA densifie son film par une implication à tous les niveaux. Principal concept issu du script, qui prolonge le thème du petit Chaperon rouge, l'enfermement, l'emprisonnement. On le sait déjà, Fusé et Kei sont prisonniers de leur condition, de la société qui trouve son écho dans le personnage de la Mère du conte. Ceci est traduit par des plans ou les cadres abondent, et enferment les personnages dans un autre cadre virtuel, comme s'ils était prisonniers. Ceci est le cas pour Fusé. Dans le tramway, on le voit à travers une fenêtre et en plus il a un réflexe de bête blessée qui est de se recroqueviller sur lui-même, comme dans un zoo. Dans le camps militaire, lorsqu'il fait sa lessive, on a un plan large dans lequel on a l'impression qu'il est enfermé dans un cadre virtuel, comme si une machine à laver se superposait à lui.


Pour Kei, c'est tout aussi subtile. L'enfermement est symbolisé par des grille ou des barreaux: on la voit souvent à s'exprimer, surtout sur la liberté, à travers une prison virtuelle. Sur le toit, elle regarde au loin à travers la grille, en disant qu'elle aime venir sur ce toit car l'endroit dans lequel elle se sent le plus proche de la liberté. D'ailleurs, OKIURA fait la part belle aux couleurs lorsqu'elle s'exprime à ce sujet: elles sont fraîches, douces, légèrement acidulées comme un bonbon, comme une gâterie qui n'est pas à la porté d'un enfant un monde magique comme un boulangerie avec ses sucreries. Ou bien, dans ce rêve de Fusé, ou elle est derrière cette porte métalique, qui fait prison.
À 2 moments bien précis, OKIURA utilise même la technique cinématographique pour nous enfermer plus profondément dans ce désespoir: La première fois, lorsque Kei évoque les oiseaux et la liberté dont ils jouissent. Alors que la scène s'est porté vers de la poésie, ou le ciel et les bons sentiments sont de rigueurs, illustrés par des plans larges, aériens, avec de grands mouvements grisant et euphorisant, il coupe brutalement sur une vue subjective de soldat panzer, qui voit en noir et rouge, qui s'exprime et dit qu'il a une sensation bizarre, une impression de flotter de ne pas sentir ses membres. Autre coupe violente, celle ou Fusé regarde le ballon s'envoler, puis Kei sourire au petit garçon, qui vient de perdre ledit ballon, disant: "ohhhh, il vole...". Fusé a un flash sur le cadavre de Kei, s'offrant au passage la révélation de la fin de Jin Roh. Il n'est pas permis de rêver, d'espérer la liberté ou bien on est puni. Au moment ou le métrage s'égare vers la liberté, OKIURA ramène ses protagonistes vers la dure réalité et les devoirs. Il est un peu la "mère" du film, l'emmenant vers son implacable fin.


OKIURA complète donc visuellement le script de OSHII, tout en l'illustrant avec une brio désarmant. Lors de l'exercice des panzers en armure, le réalisateur ne fait qu'illustrer les thermes du scénario par ses images : les 2 chemins sont deux escaliers. Le loup croise le chaperon rouge : Fusé voit passer Nanami en courant, jusqu'à l'arrivé chez la mère qui est aussi le loup pour le coup, symbolisée pour l'occasion par Tohbe.
On le voit, chaque image revêt une signification, sans être seulement belle, elle participe à la narration et renforce la psychologie des personnages. Sa réalisation est aussi un révélateur de ce que sont aussi réellement les acteurs de cette histoire. Henmi, un personnage humain au début avère être en fait un loup, un seul plan suffit à le prouver: celui ou il débarque avec ses "hommes" devant les égouts, avec ce grillage (le même que celui du rêve de Fusé!!) et la Lune apparaît en fond alors que Henmi sort de sa voiture. Cette scène entière fait d'ailleurs référence au rêve de Fusé et devient la concrétisation de cette vision allégorique du combat Homme/ Animal.


Le rêve de Fusé : c'est le rêve de l'homme parmi les loups. Fusé est accepté en tant que l'un des leur, mais il ne peut se résoudre à en devenir un. Allégorique et poétique, elle cristallise les enjeux et drames de tout le film, en devenant la représentation figurée du combat intérieur que mène Fusé. Trop pleine de signification, elle est issue de la tête d'un réalisateur qui n'a pas froid aux yeux et donne du corps à son oeuvre en enrichissant le matériau de base.
Le musée est aussi le reflet même de chaque homme : ne viennent en ce lieu que ceux qui sont des loups pour contempler leur véritable forme. Figé, sans vie, les animaux sont prisonniers des vitrines, à l'image de Fusé ou Kei, qui reste là, à attendre. Ce manque d'action et d'inertie les fait se confondre avec les animaux. Ils ne deviennent eux que lorsqu'ils sont en action, comme Fusé parti délivrer Kei, qui combat les loups, sans jamais les tuer. Fusé est, à ce moment du métrage, mi-homme, mi-loup.


L'allégorie se trouve donc être la principale figure de style employée dans ce métrage, donnant à chaque Animal / Entité une représentation, chacun étant mieux personnifié pour mieux parler. La Mère est donc la société, le loup est en chacun de tous les personnages, mais trouve sa vraie définition en la Brigades des Loups, les chaperon rouges par les bombes qu'elles apportent innocemment apporte la mort, comme le chaperon du conte qui condamne sa mère en disant au loup ou il se rend.
Il n'est donc pas incroyable que les 2 principaux personnages se cherchent et aient tous deux, une part de chaque entité. Évidement, OKIURA se charge de nous révéler se qu'ils sont réellement, donnant au film un final dramatique, mais évident: Kei est un loup, Fusé un homme. D'ailleurs, Fusé pour devenir un loup, est obligé de revêtir une amure de Panzer, alors que Kei est la duplicité même, elle veut être humaine, mais elle a commis trop de crimes. C'était la raison pour laquelle elle voulait tant partir et tout recommencer. Fusé avait lui accepté le fait qu'il était un loup. Juste qu'un jour, son humanité l'a rattrapée.


Jin Roh, c'est donc un film de Hiroyuki OKIURA, sur lequel Mamoru OSHII a porté ses inquiétudes, et OKIURA a parlé.
Histoire d'amour maquillée en film de politique fiction, Jin Roh est un chef d'oeuvre.



Fusé: homme ou loup



De toute évidence le personnage de Fusé pose la question.
Son comportement est étrange : il passe en conseil de discipline pour ne pas avoir tiré sur une petite fille transportant une bombe, alors que celle ci allait la faire exploser.


C'est le début d'une crise de conscience chez le héros: il se sent chez lui au sein de l'unité panzer, comme il le révélera à Kei plus tard, mais ne peut pas se résoudre à faire feu sur quelqu'un.


Fusé s'interroge sur sa condition tout le long du film.
Sinon, demanderait-il à Henmi le numéro de la tombe de Nanami, s'en soucierait-il même? S'exclurait-il de ses camarades de cette manière ? Aurait-il ces visions de Nanami ? Ferait-il des cauchemars ou il se voit lui même tirant sur la femme qu'il aime et crierait-il "non" dans ce même cauchemar. Il est pas travaillé par une mort dont il n'est pas responsable.
Avouerait-il à Henmi qu'il ne sait pas pourquoi il n'a pas pu tirer sur la jeune Nanami, lui le loup de la Brigade des loups ?


Oui, au début du metrage, il est un loup. Mais progressivement, il va se rendre compte que ce monde n'est plus le sien. Autant il s'y sent chez lui au début, autant après avoir rencontré Nanami, cette jeune file qui lui parle de liberté, d'émancipation de partir, la volonté de tout quitté avec elle devient de plus en plus forte.


Ce rêve qu'il a sur le toit de l'immeuble est révélateur. On le voit courir au milieu des loups qui l'acceptent (on en voit même un qui tend imperceptiblement le museau vers la main de Fusé). Fusé ne s'en occupe pas, il les sait autour de lui, mais s'intéresse seulement à Nanami (il croit que c'est elle). Pour lui poser une question à laquelle Kei, qui a pris la place de Nanami, lui dit qu'il ne peut pas venir, il ne peut pas effacer son passif de loup. Et en même temps qu'il apprend la raison pour laquelle il est encore au milieu des loups, il apprend l'acte qui lui permettra de quitter la meute. Mais sa solitude au sein de cette meute demeure : il est le seul à avoir forme humaine au milieu des loups.


Je saute un peu, mais entre temps un événement majeur intervient, la transformation de Fusé en loup: il revêt son costume de panzer pendant que Tohbe le décrit comme le loup qu'il devient à l'instant : "Voici le vrai visage de Fusé".
Oui, mais voilà, il a l'air de Terminator et pas d'un loup dans son armure, par contre ses "camarades" se déplacent à visage découvert, repliés sur eux même et avec l'agilité d'un animal, bref comme des animaux. Leurs visages sont dures même dans l'action. Il exécute les hommes de Henmi et Henmi lui même avec la froideur que lui confère son costume, mais qui sait ce qui se passe sous ce masque de loup...


Il arrive un moment ou Fusé doit assumé ce qu'il est.


Il est un peu loup et un peu humain, il porte encore son armure de Panzer mais pas de casque. Et lorsqu'il voit quelqu'un venir chercher Kei, il se lève, trop conscient de ce qui va se passer. Et il parle avec Tohbe.
Ils parlent de Kei, elle doit mourir pour que les autres ne puissent jamais la retrouver (résolution du conflit politique). C'est la meilleur solution pour ce conflit, mais pourquoi doit-elle mourir ? Fusé doit faire un choix, lui, et Tobhe lui montre la voie :



"Tue là, et met fin à cette stupide histoire de loup qui à voulu vivre
parmi les hommes. Jamais tu n'effaceras les crimes qu'elle a commis,
toutes ces bombes qui ont fait tant de mort. Ça finit toujours mal ces
histoires de loup qui ont voulu vivre parmi les hommes... Fais le
pendant que tu es encore un animal".



Le choix de Fusé est donc simple : son amour ou son humanité, il doit sacrifier l'un des 2.
S'il ne la tue pas, il devra se faire à l'idée qu'il devra vivre parmi les animaux et cela il en est incapable et ne pourra pas s'en aller, chose qu'il veut faire depuis sa rencontre avec Kei. Quoiqu'il arrive, elle mourra, quelqu'un la tuera.
Mais s'il la tue, il la perd à tout jamais pour s'émanciper de sa mère autoritaire.
Il gagne le droit d'aller vivre ailleurs en tant qu'être humain. Il pourra quitter la meute. La décision, le choix, lui procure une souffrance indicible. C'est le seul moment du film ou les émotions de Fusé sont parfaitement lisible sur son visage déformé par la douleur. Son humanité retrouvé, il peut désormais exprimer ses émotions.


Il ne peut se résoudre à rester un loup.
Il la tue.
Cette acte fait de lui un humain, il ne peut lutter alors que les autres loups jouent la duplicité à commencer pas Kei, le chaperon rouge que l'on a crue si pure, n'est qu'une terroriste meurtrière, le véritable loup qui détruit les hommes. Il est honnête envers lui même et sait que cette vie ne lui correspond pas.


À la fin Fusé ne fait plus parti de la meute, il est un humain.

Alexandre_Godar
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le 17 juil. 2013

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