Un homme de famille, dont la fille est une hippie vivant avec un dealer, va tuer accidentellement ce dernier après avoir appris qu'elle est à l'hopital à la suite d'une overdose. Pris de remords, il se confie dans un bar à un ouvrier la nature de son geste.
Les hasards de visionnages des films font que je vois coup sur coup le dernier film réalisé par John G.Avildsen, Inferno, et son troisième, celui qui va le faire connaitre grâce à son succès. Je disais également qu'à part Rocky, le réalisateur n'avait rien signé de probant ; comme quoi, il faut revenir sur ses erreurs de jugement, car Joe est un film formidable, une œuvre coup de poing et radical pour quelque chose produit par un studio, en l'occurrence la MGM.
Cela commence d'ailleurs par la vie de couple de ces hippies, avec la fille incarnée par une toute jeune Susan Sarandon, dont ce fut le premier rôle, qu'on voit se déshabiller et rejoindre son copain dans la baignoire, en lui demandant de réduire sa consommation de drogues. Puis, au bout de 30 minutes, l'histoire va complètement basculer dans un autre point de vue et faire entrer dans la partie le personnage de Joe, formidablement interprété par Peter Boyle, une gueule des 70's, un ancien du Vietnam qui noie sa rancœur, et notamment sa haine de la drogue, dans un travail abrutissant. La collusion entre cet homme, qui est vulgairement en bas de l'échelle sociale, et le père de famille de Susan Sarandon, un riche publicitaire, va faire des étincelles, et ça se voit aussi dans la mise en scène que je trouve très inspirée, avec un grain à l'image qui donne quelque chose de réel.
Je pense aussi au fameux diner entre les deux couples, où l'un arrive apprêté alors que l'autre vit dans un petit pavillon dans la banlieue New-Yorkaise, et les idées conservatrices, réactionnaires de Joe, vont semer des graines dans l'inconscient de ce père abattu par la douleur de sa famille, cloitrée dans une chambre d’hôpital. Jusqu'à un final qui laisse sans voix, et là on se dit qu'il serait impossible à tourner de nos jours.
Le film est sorti en France où il a dû faire 2 entrées, mais ce fut un énorme succès en Amérique, au point que Peter Boyle avait envisagé d'écrire et de jouer dans une suite située dans les années 1980. Mais il a quelque chose de très violent, à la fois sur les images, les propos tenus par cet homme notamment dans un incroyable monologue où il explique au père de Sarandon comment il voit la vie, mais de fascinant dans la puissance de l'histoire.