Jofroi est un vieil homme qui a vendu son verger à un paysan, mais celui-ci refuse que le nouveau propriétaire arrache les arbres, qui ne produisent plus rien, au profit de la semence de blés. Pour se défendre, Jofroi va vouloir provoquer l'émoi du village en faisant plusieurs tentatives de suicides.
C'est le deuxième film réalisé par Marcel Pagnol, adapté d'une courte nouvelle de Jean Giono, et on retrouve déjà toute la Provence, avec ce patois délicieux, qui fait bien entendu penser à la trilogie marseillaise tournée deux ans plus tard, et avec des personnages hauts en couleur.
Comme par exemple ce Jofroi, admirablement joué par Vincent Scotto, qui n'est autre que le compositeur du film. Il est grimé de façon à ressembler à un vieillard de soixante ans, têtu comme pas deux, et qui semble vouloir porter la faute à ceux qui ne le soutiennent pas dans sa démarche de sauver ses arbres, alors que le verger ne lui appartient plus.
On se croirait également dans une comédie italienne avec ces gens hauts en couleur qui hurlent plus qu'ils ne parlent pour le plaisir d'un bon mot, et notamment Henri Poupon (un des acteurs de la troupe de Pagnol), le fameux paysan qui se sent quasiment harcelé même dans ses rêves par ce vieil homme. Mais il se dégage de tout ça une véritable douceur, et dont la fin procure une véritable émotion.
Bien que ça ne dure que 50 minutes, tout est dit dans cette histoire d'un vieil homme qui ne veut pas au fond être déraciné, dépossédé de ce qu'il lui reste, comme s'il voulait que son âme reste dans ces arbres. Et, pour ses débuts derrière la caméra, on retrouve cette humanité chère à Pagnol et qui me touche tant.