Dans Jofroi, deux paysans se disputent le devenir d’un verger.
L’un, Fonse, plus jeune, veut raser les arbres qui ne font plus de rendements et souhaite relancer la production sur ce terrain. L’autre, Jofroi, plus âgé, tient à la longue vie de ses quelques abricotiers qu’il admet “gagas” et “aux branches en tire-bouchons” ; il s’oppose ainsi fermement à cette destruction qu’il juge abjecte, meurtrière.
C’est alors que les élans de foi (le curé), de raison (l’instituteur) et de sophisme (Tonin) imprègnent le récit et conduisent les protagonistes à travers l’incarnation d’un dilemme moral justement brusqué par cette querelle.
Le cinéaste adopte ici librement la nouvelle (quasi-)éponyme de Jean Giono à l’écran et lui confère une profondeur réaliste toute singulière en jouant habilement avec le dispositif cinématographique (champs-contrechamps, balancement entre premier et second plans, trucages en tous genres) !
Par une caméra intenable, Pagnol dévoile avec humour et tendresse les habitants loquaces d’un décor chaud et provençal, qui caractérise tant ce cinéaste en campagnes…
Fable ouverte ou conte amoral, Jofroi est un film relativement court mais bien ficelé, amusant, touchant et délicat, et qui vaut le détour !