Film bouleversant, perturbant, on en ressort avec cette sensation aigre douce, cette amertume tenace que peu d'oeuvres arrivent à générer..
On y suit le personnage de John McCabe, dont l'image se dégrade continuellement à nos yeux au cours du film. C'est d'abord une sorte d'archétype du heros du western, avec sa virilité, son charisme, sa distance humaine avec le reste des protagonistes, puis de manière progressive et consécutivement à l'arrivée de Mrs Miller, les tares de l'homme se manifestent. Il se révèle lâche, faible, simple d'esprit, faux , etc Mais cela ne fait pas de lui un paria ou un marginal mauvais, il se fond seulement dans la masse absurde et croupie des hommes. Vision assez pessimiste de ceux ci , réaliste dans une certaine mesure mais diamétralement opposée à celle manichéenne de certains westerns.
Sujet donc très fort qui m'a vraiment bouleversé.
Je suis allé voir ce film car cette période New Hollywood m'intéresse particulièrement et je n'ai pas été déçu.
On sent une réelle influence du cinéma novateur et progressiste européen des années 60: la bande son , les dialogues , les plans zoomés en sont de bons exemples.
De plus la photographie est magnifique, on lorgne sur le road movie dans certains passages , les paysages et la ville rurales sont embellis et somptueusement restitués, et cela crée une relle tension entre la grandeur et l'infini de ces paysages et la promiscuité de l'environnement humain, les visages sont filmés avec une courte focales, les lieux sociaux sont souvent bondés, une forte agitation y est particulièrement retranscrite grâce à beaucoup de bruits et des dialogues noyés dans un brouhaha permanent .
Mais le plus spectaculaire dans ce film, pour moi, en dehors des symboliques qu'on pourrait en tirer, c'est cette fin... En effet , elle m'a paru très brute , mais d'une force émotionnelle immense, ce plan de McCabe dans la blizzard est simplement magistrale...