Revenu des limbes grâce au très bon accueil de son joli Rocky Balboa, Sylvester Stallone profite donc de l'occasion pour enfin mettre en chantier la quatrième aventure de John Rambo, longtemps repoussée faute de financement et de scénario satisfaisant. L'objectif est double pour Sly: offrir une véritable fin à son personnage fétiche et ouvrir les yeux du public américain sur la situation en Birmanie.


Des intentions louables mais naïves, surtout si l'on se souvient que la star prônait le même discours à la sortie du raté Rambo 3. Mais ce qui fait la différence ici, c'est bien entendu le contexte servant de toile de fond, et surtout les motivations du personnage principal. Maladroitement détourné afin de servir la soupe à une Amérique reaganienne, le célèbre soldat retrouve enfin toute sa dimension contestataire ainsi que la dualité qui le représentait dans le premier opus.


Lucide et soucieux de ne pas jouer les hypocrites tout en élevant le débat, Sylvester Stallone confronte deux visions opposées face à un même problème, un humanisme noble mais naïf face un bellicisme empreint de fatalisme, démontrant tout à la fois les limites de la manière douce et le cercle infernal et sans fin qu'engendre la manière forte. Des questionnements qui apportent une profondeur bienvenue et inattendue à un récit n'évitant pas quelques raccourcis caricaturaux.


Au calme relatif de son précédent film, Sylvester Stallone répond par une rage féroce et sanguinaire, par une folie furieuse et pyrotechnique qui laisse sans voix. Comme possédé, l'acteur / réalisateur éclabousse le cadre d'hectolitres de sang et éparpille les entrailles aux quatre vents, noyant la beauté de son décor naturel dans les boyaux et les membres arrachés. Une violence insoutenable mais souvent nécessaire, surtout lorsqu'il s'agit de montrer toute l'horreur d'un massacre qui n'est pas sans rappeler le jusqu'auboutisme du traumatisant Soldier Blue. Un aspect exacerbé et frondeur que Stallone atténuera quelques années plus tard dans son director's cut, comme si la star à nouveau bankable tenait à s'excuser d'avoir choqué les bienpensants.


Marqué par les années et les excès, Sylvester Stallone retrouve une certaine aura dans la peau d'un des deux personnages l'ayant rendu célèbre, tout en faisant preuve d'une implication physique exemplaire. Il compose un anti-héros prométhéen en diable, plein de failles et de cicatrices, qui devra enfin accepter sa véritable nature s'il veut enfin panser ses plaies.


Avec l'énergie du désespoir, Sylvester Stallone offre un superbe final à son John Rambo, par le biais d'une solide série B vénère et efficacement mise en scène, un voyage au bout de l'enfer violent et impressionnant qui a également le mérite d'être bien moins con que l'on pouvait le craindre. En espérant maintenant que Sly abandonne définitivement son projet de cinquième volet.

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le 7 août 2015

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Gand-Alf

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