« War, War never changes », Fallout


Si la guerre garde toujours le même visage, l’homme lui aussi ne change jamais vraiment. Un guerrier comme John Rambo ne pouvait pas longtemps ignorer ses plus primaires instincts, même isoler aux confins de la jungle Birmane pour y chasser des cobra. Sylvester Stallone ne peut pas s’empêcher de se mettre en scène même à 60 ans puisqu’il a gardé le physique d’un authentique esthète comme on a pu le voir un an auparavant dans Rocky Balboa, probablement l’opus le plus touchant de la saga qui jouait de cette nostalgie mélancolique pour le passé lorsqu’il été encore au top du cinéma et des rings de combats. Un dernier baroud d’honneur offert à une icône qui en avait désespérément besoin pour se sentir encore désiré mais surtout en vie. Un an après, voilà qui remet le couvert avec son autre héros non moins légendaire et une musculature peut-être même plus imposante qu’auparavant. Rambo était devenu le pantin du triomphalisme américain, juste bon à faire des rillettes de niakoués à coup d’arbalète explosive ou à dégommer du soviet dans les plaines arabiques. Ce 4ème épisode constitue presque un retour aux sources pour le guerrier déchu qui pensait avoir enterrés tout cette haine avec lui. Que n’est-ni, le voilà devenu passeur sur le long fleuve du Styx, prêt à livrer des missionnaires naïfs et un peu trop insistant à l’enfer d’une Guérilla qu’ils ne soupçonnaient pas. Pourquoi as-t-il changé d’avis ? Sûrement pour dévoiler toute la misanthropie de ce bout du monde à une femme profondément humaniste qui se voile la face face à la sinistre réalité qui anime ces contrées sauvages et infinies.


Des cris de terreur et d’agonis, des corps démembrés, des têtes qui explosent sous les détonations, des courses à la mort dans des rizières minés, des génocides cruelles et abjectes dont rien ne nous est épargnés. Voilà ce que constitue ce paradis perdu, le bout du monde c’est aussi le bout de la civilisation où les problèmes se règlent à coup de canon et de bonnes vieilles explosions. Et comme on ne peut pas laisser d’honnêtes ressortissants américains se faire torturer, qui est-ce qu’on envoi pour une mission sauvetage à votre avis ? John Rambo va lui même s’y résigner, raviver son instinct de guerrier et s’engager dans un conflit qui n’est pourtant pas le sien. Comme on le sait, le bougre n’y va pas la fleur au fusil et encore moins avec le dos de la cuillère pour écraser ses ennemies. Non John est devenu un ange exterminateur capable de réduire un bataillon entier en charpie.


Le film est donc une ode à la brutalité et à la barbarie, parce que la guerre n’a rien de jolie, et le tout est tourné avec une certaine forme de naturalisme crue comme le fut Apocalypto de Mel Gibson quelques temps auparavant, mais c’est aussi ce qui fait tout la force de ces images brut de décoffrage à l’heure où Hollywood donne plutôt dans la surenchère (Die Hard 4) et l’iconisation d’épopée guerrière (300). Certains ont ricanés bêtement devant le déferlement de morts à l’écran, prétextant la stupidité et la faiblesse de l’argument pour justifier ce bain de sang. Et pourtant, c’est justement dans cette rage primale que constitue le coeur de l’ouvrage, parce que son héros ne peut s’accomplir pleinement que dans le chaos qu’il engendre lorsqu’il dégomme des vagues entières de bidasses à la mitrailleuse. C’est tellement gore et sanguinolent que cela en devient carrément jubilatoire et fascinant. Ces corps pulvérisés sous l’effet des rafales apportent presque un aspect surréaliste au film comme s’il ne s’agissait que du rêve cathartique et auto-destructeur d’une psyché tourmentée. Ce n’est pas seulement un voyage au bout de l’enfer que s’inflige John Rambo, c’est un voyage au bout de lui-même.


Si t'as atterri ici, c'est que toi aussi t'es un vrai dur à cuire qui aime les films de bonhommes. Alors si t’en a marre des féministes et des sitcoms romantiques de ménagères, rends-toi sur l’Écran Barge où tu ne trouveras que des vrais mecs qui portent leur baloches et règlent leurs comptes à l'ancienne en flinguant des hélicoptère avec des bagnoles. De la testostérone, de l'action, des fusillades, et des explosions ! !! !! AVEC DES PATATES PUTAIN !

Le-Roy-du-Bis
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le 7 août 2023

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Le Roy du Bis

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