La différence entre le cinéma d'un cascadeur, et d'un réalisateur.

John Wick de Chad Stahelski sorti en 2014 fait partie de cette nouvelle mouvance de films à privilégier le métier de cascadeur au lieu de réalisateur.

Mais avant de faire cette analyse, John Wick ça parle de quoi ? L'histoire nous narre la quête vengeresse d'un personnage obligé de reprendre du service dans son ancien métier de tueur à gage, et il tuera toute personne croisant son chemin.
Ni plus, ni moins.

Le scénario tiens sur un timbre, mais bien sûr devant John Wick nous ne cherchons pas une histoire bouleversante qui remettra en cause notre propre animalité enfouie en chacun de nous.
Le seul et unique intérêt du film est de nous offrir un défouloir de 1h40, pendant lequel on admire la performance des cascadeurs. Est-ce que la promesse est respectée ? À mon humble avis oui et non, je m'explique.

Le film fait tout pour nous impressionner, que ce soit avec ses gunfights, ses combats au corps à corps, ou bien ses chocs contre les véhicules.
La caméra s'attarde bien sur la douleur du cascadeur qui l'a effectué.

Mon problème est en 2 points.

Le premier est qu'on a déjà vu ça ailleurs et en mieux fait dans le cinéma asiatique, je prendrai comme exemple la saga The Raid, ou bien la plupart des films avec Donnie Yen.
Bien sûr ce n'est pas un mal de prendre des influences de ses mentors, surtout que le film assume son héritage, cependant il y a une ombre à laquelle John Wick n'arrive pas à se détachée.

Tout ceci est minime par rapport au deuxième point.

Ce film n'est pas un film de réalisateur.
La façon dont l'action est construite avec sa mise en scène, n'est pas cinématographique.
Pendant toutes les scènes d'action la caméra de Chad Stahelski n'accompagnera jamais la chorégraphie qui est en train de se dérouler à l'écran.
Jamais la mise en scène n'accompagnera et sublimera les mouvements des acteurs ou bien des cascadeurs pendant les scènes d'actions. Ce qui est un problème vu qu'il y a une certaine redondance qui contamine le spectateur lors de son visionnage.

Alors bien sûr ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
Le film reste vraiment plaisant à regarder, cependant Chad Stahelski pense sa mise en scène avant tout pour sublimer sa cascade.
Il s'attarde sur le cascadeur qui se prend vraiment le coup, il veut que son spectateur ait cette curiosité morbide à voir des gens risquer leur vie, même si tout est contrôlé, et sécurisé.

Ce qui est une attention plutôt louable de vouloir mettre en avant l'un des métiers de l'ombre du cinéma, mais ça n'en fait pas une œuvre spécialement stimulante.

Il manque cette vision, cette patte qu'un réalisateur a à apporter, que ce soit des ralentis, des accélérations, une caméra libre, ou bien même des couleurs éclatées.
Il manque juste une vision de cinéma.
Alors oui Chad Stahelski montrera au fur et à mesure son obsession et la cascade sous toutes ses coutures, mais dans ce premier film, le spectateur a l'impression que ce n'est qu'un film de petit malin qui connaît bien les ficelles du métier.

Je critique, je critique, cependant il y a une scène qui regroupe tous les reproches que j'ai dit précédemment, mais que je trouve vraiment réussie.

La scène de la boîte de nuit est vraiment réussie, pas parfaite, elle comporte absolument tout ce que j'ai dit juste avant, cependant le rythme joue un rôle majeur.
Ça commence par la musique qui enveloppe toute la scène dans cette ivresse complètement endiablée, et hypnotique, pour enchaîner avec le moment où John marche dans la foule comme un loup chassant sa proie.
La musique de "Le Castle Vania" joue un rôle prépondérant dans la séquence pour atteindre cette sorte de jubilation.
La scène ressort du film avec un rythme plus marqué, et avec une photographie bien plus accentuée.

Pour parler d'autres choses que ses scènes d'actions, John Wick nous offre une palette de personnages vraiment variés et bien interprétés, avec un Keanu Reeves qui retrouve l'aura d'antan qu'il avait perdu.
Le film nous dévoile en filigrane une mythologie qui saura s'étoffer dans les prochains films, et aussi une direction artistique plutôt sympathique, avec des décors et une mise en scène qui sait nous raconter son histoire.

Bref avec John Wick, Chad Stahelski montre qu'il a des idées mais qu'il faut encore s'améliorer sur son exécution pour espérer tutoyer les plus grands.

Teobnofficiel
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le 23 avr. 2023

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