Dark smile rises
Arthur Fleck est en quelque sorte un clown triste : employé par un magasin, sa vie bascule lorsqu’il est passé à tabac dans un métro par 3 hommes. Lorsqu’on lui apprend que le trio travaille pour Thomas Wayne, un important homme d’affaires candidat à la mairie de Gotham City, et que sa mère, Penny, lui révèle que ce dernier est son père, la folie du Joker pourrait bien prendre vie. Et rien de tel que le talk-show de Murray pour lancer sa carrière.
Le voici donc ce si attendu Lion d’Or ayant déclenché un incroyable enthousiasme. Et avec raison.
Bienvenue dans le monde des super-héros, non pas ceux ayant des pouvoirs surnaturels, mais ceux atteints dans leur mal propre et dont le destin pourrait les conduire à l’anonymat. Arthur représente ce spécimen humain.
Tout dans ce film est virtuosité si vous avez une connaissance cinématographique élevée avec de multiples allusions dont une poussant particulièrement à sourire, une autre à chanter et une dernière enterrant littéralement le Batman de Burton. Mon interrogation principale à l’annonce du film était : comment se fait-il que l’identité du Joker ne soit pas la même que celle du rôle de Nicholson? La réponse brutale apportée secoue.
Mais où Phillips frappe très fort, c’est dans le parallèle entre notre décennie en cours et l’année du XXème siècle où se déroule le récit, illustré par une sortie cinéma d’alors. On retrouve des situations rappelant le mouvement lancé par Greta Thunberg dont la cause, ici, n’a absolument rien d’écologique ainsi qu’une cruelle illustration sur le monde audiovisuel servie par un impeccable de Niro.
Que dire sur Joaquin Phoenix? Tout dans son jeu sonne juste et on en oublie le lien acteur-personnage tant on ressent sur la première demi-heure son désarroi. Ensuite, bien sûr, outre ses premières victimes, on est quelque peu désabusé par une séquence épouvantable vers le second tiers, mais les vingt dernières minutes sont un véritable électrochoc et son dernier plan, qui rappelle une sorte de Vendetta, nous marque.
Que dire sur Phillips? Une virtuosité de mise en scène, une écriture critique hallucinante et une maestria de l’illustration des dérives de notre décennie.
Que dire sur la photographie, la musique et les décors : tous somptueux.
Il ne faut nullement s’attendre à des effets visuels mais votre visage pourrait bien vous jouer des tours, ce qui fut notamment mon cas sur un rire annonçant une séquence tout sauf drôle et qui s’avéra... contagieux. C’est peut-être ça être cinéphile: c’est nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas et, à la sortie, nous ramener à la réalité. Comme Arthur.
A recommander vivement...