Si Eddy Bellegueule avait mal tourné

Joker, c'est un état des lieux amer et sans concession de notre société et une anticipation désabusée et pragmatique qui nous montre de quoi peut être fait notre futur.


Au-delà de la mise en scène et des lumières châtiées, si colorée dans ce récit sombre qu'elles paraissent absurdes, surréaliste, et de la performance de Joaquin Phoenix, tantôt si touchant, parfois si gênant, et quelque fois terrifiant, Joker, c'est une oeuvre engagée, si bien qu'elle ferait passer tout autre film de franchise super-heroïque body-buildée pour une vulgaire publicité.


Car Joker, dans les montagnes russes qui font valdinguer nos émotions, dépeint avec minutie les affres du mépris de classe, de l'abandon des plus faibles au profit des plus gros, et le retour de boomerang immuable qu'ils provoquent. Joker montre que nous sommes tous les spectateurs et les victimes de la tragi-comédie ininterrompue que l'on vit par procuration, aux travers de nos écrans, et à laquelle nous sommes dépendants. Joker pointe du doigt sans les nommer, les politiciens méprisants et démagogue, les arrivistes qui se pensent sur le toit du monde, les stars déconnecté de leur réalité, et les guignols télévisuel ayant pour métier de vomir leur bile sur leur public ébahi.


Joker nous dépeint un monde où il n'y a pas de héros, juste des individus qui se débattent avec leur quotidien, et résonne tant et si bien qu'il fait écho à tout les changements sociaux et politiques que traverse notre époque. Et s'il sait nous faire entrer en empathie avec Arthur Fleck, le film sait nous faire prendre conscience que le Joker est la métastase de notre société malade : lorsqu'il apparaît, c'est bientôt la fin.


Enfin, Joker, sans en faire l'apologie, montre que les désespérés, les désemparés, ceux qui ne sont rien à force d'être méprisé et abandonné, n'ont plus que la violence pour se faire entendre, et qu'ils sont, comme on le voit dans notre monde tous les jours, près à prendre fait et cause pour des monstres


Joker, c'est un Eddy Bellegueule qui aurait eu moins de chance, c'est un Ken Loach porté au vu et au su du plus grand nombre, qui sait profiter du symbole qu'il représente pour présenter au monde ce message : tous les monstres se retournent un jour contre leur créateur

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le 11 oct. 2019

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Agregturp

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