1- Écrire un mashup de Taxi Driver et de la valse des pantins. Les antécédents psychiatriques du protagoniste, l’histoire familiale difficile, la frustration du comédien raté…Et un peu de tout ça…
2- Choisir l’acteur parfait pour le rôle. C’est vrai Joaquin Phoenix est une évidence pour ce rôle. On dirait qu’il était fait pour lui, d’ailleurs sa filmographie à l’air d’une préparation pour jouer le Joker, tant il aura interprété des personnages ambigus, maltraité, fous et torturés. (Gladiator, Two Lovers, Her…) En plus c’est un très bon acteur et il a un bec de lièvre, idéal.
3- Réaliser 167 plans du Joker torse nu, son dos vouté de bossu qui a vécu ; De son corp qui a souffert, maltraité par cette chienne de vie. Ce dos nerveux dans lequel se concentrent toutes les tensions que la société lui inflige.
4- Ajouter une intrigue sociétale au film. Une colère, une gronde qui monte. Le peuple rend aux puissants, les coups qu’il subit quotidiennement. « Les provocateurs de toutes violences » comme dirait l’abbé Pierre, ce sont les puissants. Le Joker se faisant le porte parole involontaire de cette grogne et Wayne et le personnage de De Niro, étant les représentants de l'état et des médias. Ce message est plutôt bien traité dans le film et en temps de gilets jaunes, ça tombe à pic, en tout cas pour le public français. C'est vrai que c'est parlant pour le coup.
5- Déposer ça et là deux trois twists soulignés au marqueur gras à grand renfort de flashbacks au cas où on n’aurait pas capté que le gars est foldingo et que tout ce qu’il pense vivre n’est que fantasme. Par exemple, qu’en gros cassos terrifiant qu’il est, il ne pourrait jamais se taper sa petite fraicheur de voisine, mère célibataire de son état.
6- Conforter le spectateur dans une scène finale tout aussi rebondissante. Il fera volontairement semblant d’être surpris de voir que le Joker ne se suicide pas en direct à la télévision. « Pas vu un twist final pareil depuis le 6ème sens ».
7- Déclencher une fausse polémique sur un film soi-disant transgressif, incitant à la violence. Le film aura l’air novateur, limite punk et les critiques qu’elles soient positives ou négatives se concentreront sur ce seul aspect du film. (Comme les éditorialistes sont rarement des prêtres évangélistes, elles sont souvent positives, pas d’inquiétude) Est-il violent ? Est-il pas violent ? Est-il incitatif ? Est-il pas incitatif ? Allez, peu importe, on l’interdit au moins de 16 ans. Là on a un film qui dérange. Bon en fait pas tant que ça puisque l’immense campagne promotionnelle est marquée par des avis dithyrambiques.
8- Inonder les médias et les réseaux sociaux d’articles dépeignant la naissance d’un chef d’œuvre et de la performance de son acteur principal, Joaquin « prix d’interprétation » Phoenix. Et boom, une hype monstrueuse et inarrêtable est en marche.