On commence à le comprendre assez nettement maintenant. Incarner le Joker c'est comme incarner Dracula, on a aussi vite fait de frôler le génie que le ridicule. A ceci prêt que le Joker a besoin de ridicule pour frôler le génie. La matière du film aide pas mal aussi. Un Gotham cradingue géré par des golden boys à la Patrick Bateman où la suffisance de ceux qui sont aisés se heurte à l'insolence de ceux qui sont lésés. On pourrait s'attendre à croiser Travis Bickle à la sortie d'un cinéma porno puis voir tituber plus loin Bukowski dégueulant des feuilles blanches dans un caniveau. Alors que toujours grouille la masse féconde et carnassière, jamais Arthur Fleck ne s'est senti autant abandonné. Tout en soit est prévisible dans ce long suicide mais nous l'accompagnons lâchement jusqu'aux portes de l'enfer. Fallait-il rajouter de l'épaisseur au dossier, donner du sens à la folie, la justifier? Je n'en suis pas sûr. Après tout chacun a pu sonder en son for intérieur la capacité d'un être à s'abandonner à une force qu'il ne maîtrise plus. Et puis c'est la folie dehors, abstenez vous des drogues et c'est le saut de l'ange dans la dinguerie. Alors sombrez, laissez vous porter par cette marche funèbre à l'appel du chaos.