En 1981, Arthur, clown souffrant de troubles psychologiques, est au bout du rouleau. Régulièrement moqué et attaqué, il a l'impression que la société est au bord du chaos. Il subira une descente aux enfers sans retour... Ce "Joker" est une jolie surprise, à plus d'un titre. D'abord, loin d'être un film de super héros lambda, il se veut comme un drame psychologique, relevant plus du film d'auteur que du blockbuster. Ensuite, il se base sur le méchant le plus célèbre des DC comics, à l'heure où l'univers cinématographique DC est aux fraises. Enfin, il est réalisé par Todd Phillips, habitué des comédies potaches ! Et le résultat est aussi plaisant qu'intéressant.
Le film fait du pied au cinéma des 70's/80's, en particulier "Taxi Driver" (pour le protagoniste sociopathe qui s'enferme dans ses délires), "The King of Comedy" (allant même jusqu'à offrir à Robert de Niro le rôle que tenait Jerry Lewis dans ce film), ainsi que "Death Wish". "Joker" s'inspire donc de ces œuvres, avec un respect visible. Le problème est qu'à force de leur rendre hommage, il ne raconte plus grand chose de neuf (malaise social, auto-justice, individus dangereux et halluciné délaissés...).
Néanmoins, l'idée de croiser ce cinéma scorcesien avec une origin story du Joker qui respecte également les comics est très bonne. La chronique psychologique autour du protagoniste est parfois répétitive, mais intéressante, et la critique de la société inégalitaire et malade qui provoque des ressentiments est pertinente au regard du Joker... ainsi que de l'actualité en France (crise des gilets jaunes). Visuellement, le film propose une ambiance urbaine poisseuse et travaillée, donnant lieu à quelques scènes réellement intenses ou malaisantes (âmes sensibles s'abstenir, certains passages étant violents).
Quant à Joaquin Phoenix, marqué physiquement, il parvient à porter l'ensemble sur ses épaules, avec sa manière de rendre attendrissante puis inquiétante un comportement de psychopathe, et l'inévitable rire (dont l'intégration au récit est pertinente) est très efficace. "Joker" est donc une bonne surprise, dont le succès au box-office nous amènera peut-être d'autres adaptations de comics façon "film d'auteur".