Considéré comme une transposition "adulte" de comics, Joker n'est pas pour autant un spectacle moins puéril et navrant que les dernières productions Marvel Studio.
Apparemment, une belle photographie suffit pour remporter le Lion d'Or à Venise, car pour le reste, le film s'appuie uniquement sur la "performance" de Joaquin Phoenix, qui fidèle à lui-même en fait des tonnes, si bien qu'on ne sait plus qu'est-ce qui est le plus pathétique: le personnage ou le jeu de l'acteur, absolument linéaire d'un bout à l'autre du film. La montée de la folie en même temps que les ressorts dramatiques sont dissous dans le cabotinage incessant de l'acteur. La star est en roue libre (oh, il s'est mis dans son frigo, ah oui il a vraiment un gros problème), absolument pas dirigé par Todd Phillips, ici plus groupie que metteur en scène. Si vous regardez les bonus du DVD, il y a une série de scènes coupées très parlantes à ce sujet. Notamment celle où Phoenix fait son entrée sur un plateau de télévision dont Robert DeNiro est le présentateur vedette. Il refait quinze fois son entrée, en sautant, en dansant... pendant que DeNiro, qui est sans doute juste là pour un gros paquet de dollars, lève les yeux au ciel en se demandant quand son collègue aura fini son cirque. Et pour en finir avec la prestation de ce cher Jo, on nous a bassiné avec sa perte de poids mortifère qu'il s'est infligée pour incarner la Némésis de Batman. Sincèrement, un bon acteur n'aurait jamais eu besoin de risquer sa vie pour incarner le mal-être, il lui suffisait de le jouer.
Passons rapidement sur le message social du film qui a tant été loué. Bien qu'étonnant dans un blockbuster hollywoodien, pour la finesse, encore une fois, on repassera. Si Joker se veut un hommage aux grands films politiques des seventies, autant regarder les originaux, car la caricature est grossière.
Je recommande ce film aux fans de Joaquin Phoenix, sinon il vaut mieux passer son chemin.