Joker folie à deux a réussi à me surprendre. Je ne voulais pas d'une suite au très bon Joker qui se suffisait déjà à lui même et pourtant, le tournage d'une suite a été décidé
Nous voici donc dans un film psychologique, dramatique et teinte de comédie musicale pseudo romantique, censée narrer la rencontre entre Harley Quin et Arthur Fleck/Joker, dont le procès va se tenir bientôt.
Le film parle de quoi ? Je serai tenté de dire, de pas grand chose à première vue. Et pourtant il y a une certaine profondeur qui se dégage de l'œuvre de Philipps. Celle d'assumer totalement, le propos du premier film, qui restait vague quand à sa connexion avec Batman.
Voici la révélation, dont on se doutait : Arthur Fleck n'est pas le Joker. Arthur est un pauvre type qui a eu une vie merdique et qui s'est laissé entraîner dans une spirale de violences. Des gens l'ont glorifie et l'ont porté aux nues, il est devenu un symbole anarchique qui lui colle à la peau et dont il va se débarrasser définitivement dans ce film.
Parce que ce que veut Arthur dans le fond c'est être reconnu en tant que Arthur, et pas Joker. Il se berce dans l'illusion de redevenir Joker, sous l'effet de Harley Quin, une fausse patiente de l'asile d'Arkham amatrice de sensations fortes ( et mentalement dérangée) qui se révélera être une bourgeoise de bonne famille, n'ayant d'yeux que pour le tueur joker. Ce film traite beaucoup de cet aspect des "groupies" que certains criminels peuvent avoir à la suite de leurs actes.
Alors que Arthur semble devenir à nouveau Joker, grime en clown assurant sa propre défense, un contre interrogatoire avec Gary, le témoin qu'il avait épargne lors d'un des meurtres du film précédent, le ramène à la réalité et quelque part à une forme d'humanité perdue.
Une séquence plus tard de torture à Arkham où Arthur, toujours à fond dans la provocation se fait frapper, humilier et probablement violer, en entraînant malgré lui la mort d'un de ses codetenus fans, le clown prince du crime n'est plus.
Il n'a jamais été que Arthur Fleck, un pauvre mec qui a eu une vie difficile et qui aimerait s'échapper de cet enfer pour tout recommencer. Le Joker ne voulant plus être joker, les groupies se détournent de lui et confirment le fait que Arthur Fleck ne les intéressent pas en tant que personne. Harley Quinn laisse tomber Arthur qui "abandonne" cet imaginaire collectif du joker, ce même imaginaire qui semble animer les gens qui cartonnent le film parce qu'ils ne leur donne pas ce qu'ils veulent : un Fleck en roue libre qui commet des meurtres pour amuser la galerie.
Et finalement puisque le Joker ne veut plus être Joker, il y aura toujours un admirateur, un fan dérangé pour tuer son idole et prendre sa place. A la manière de Fleck avec Murray, un détenu psychotique offre à Arthur une dernière blague mortelle ayant la même chute. Arthur agonisant, il se rend compte que son joker en a inspiré un nouveau, se taillant un vrai sourire avec un couteau.
Est ce que c'est le Joker qui affrontera Batman ? Probablement. Mais à vrai dire on s'en fout. Joker et Joker 2 ont admirablement traité de la manière dont n'importe qui pouvait basculer dans la folie a la suite d'une " mauvaise journée" ( the Killing joke).
Phillips prend le parti pris risque de préférer l'étude de personnage d'arthur plutôt que son "alter ego" Joker, une ombre qui lui colle à la peau ( coucou la scène d'ouverture) et qui fini par le rattraper à la fin du film, l'un des plus tragiques et sombres dédiés à l'univers Batman ( avec The Dark Knight et Joker).