Effectivement, le précédent opus avait déjà placé la barre très haut, revisite complète de l’histoire du Joker, elle était d’un réalisme saisissant, froid, presque effrayant de vérités, alors, faire une suite ne coulait pas forcément de source, tant il se suffisait à lui-même et y ajouter une composante de comédie musicale était un risque d’autant plus grand. Alors, je peux aisément comprendre les déçus, ceux qui crient même au scandale, parce que l’ensemble de ce film est un immense parti pris, un risque considérable, un choix des plus osé, assumé, qui vient s’imposer par son style, par ses envies, c’est à prendre ou à laisser, ceux qui y seront sensibles vont adorer, les autres, vont détester, rien ne se fera dans la demi-mesure, c’est une certitude. Pour moi, c’est un mélange qui fonctionne pleinement, la comédie musicale vient littéralement relier ces deux êtres, à travers la musique, ils vont se rapprocher, ils vont fusionner leur folie respective, une folie à deux, un concept réel, qui prendra invariablement tout son sens ici, que ce soit grâce aux moments chantés, dansés, leur chemin, l’escalade de leurs sentiments, de leur violence, prendra d’autant plus d’ampleur. Plus que jamais, on y retrouve tout ce qui faisait la force de son prédécesseur, ce climat extrêmement sombre, terriblement violent, la violence d’une société que l’on ne connaît que trop bien, celle qui fait notre quotidien, celle de ceux délaissés, ceux pour qui nos gouvernements ne font plus rien, les pauvres, les laissés pour compte, ceux qui sont abandonnés, maltraités et qui tombent invariablement dans l’obscurité, parce que la violence, appelle la violence. La réalisation de Todd Phillips est une fois de plus des plus marquantes, il a su imposer ses choix artistiques, faire ce dont il avait envie, il n’a pas voulu plaire au plus grand nombre et je salue sa prise de risque, son œil des plus incroyable de saveurs. Visuellement, il nous offre une fois de plus un petit bijou, où tout est formidablement étudié, tout a été pensé, dans les moindres détails, les couleurs, les ambiances, les chorégraphies, nous sommes au-delà d’un simple film, c’est une œuvre d’art à part entière, qu’il faut savoir appréhender telle quelle. En ce qui concerne le scénario, là encore, il est à mon sens d’une sensibilité rare, il reprend directement les faits qui font suite aux précédents, entre l’internement en hôpital psychiatrique et son procès, nous suivrons le parcours torturé, toujours aussi tragique de ce Joker. Un alter ego qui prendra toujours plus de place, toujours plus d’ampleur, qui fera se lever les foules, ceux qui s’identifient, ceux pour qui la souffrance n’est plus un secret, mais voilà, celui qui se cache derrière, vient peu à peu à disparaitre, alors qu’il ne voulait que se faire entendre, il va se retrouver plus seul que jamais et son destin va s’avérer plus tragique encore dans sa finalité. Quant au casting, il est extraordinaire de talent, le duo Joaquin Phoenix/Lady Gaga est d’une alchimie magistrale, nous offrant une performance absolument bluffante.
En bref : Un film qui ne fera clairement pas l’unanimité, un parti pris dans son intégralité, une prise de risque assumée, une direction vers la comédie musicale qui pourrait tomber à côté de la plaque, mais qui apporte d’autant plus d’intensité, qui donne tout son sens au terme de folie à deux, nous offrant un récit tragique, toujours d’un réalisme saisissant dans ses sujets et dans cette vision si sombre de notre société !
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