Après le sublime Homme des hautes plaines, revoici Clint Eastwood dans un western bien différent : fini les westerns-spaghettis et autres films du même genre, Josey Wales raconte l'histoire d'un aventurier vengeur difficilement haineux, un père de famille ravagé par la monstruosité humaine, un homme pourchassé pour être quelqu'un de bon, un homme malchanceux. Située à la fin de la Guerre de Sécession, l'intrigue prend très rapidement forme avec un rythme peut-être inégal mais néanmoins épaulé par une mise en scène soignée, des décors naturels fabuleux et porté par une musique époustouflante...
Clint Eastwood campe donc Josey Wales, d'abord un paisible fermier ivre de vengeance qui, au fils des ans, livra à une bataille contre les Nordistes pour ensuite devenir un justicier hors-la-loi recherché de toutes parts, passant du bon au mauvais pour enfin essayer de revenir à cette bonté désormais oubliée. Un bon samaritain solitaire qui tente en vain de renouer une quelconque relation avec n'importe qui. Comme d'habitude, la patte d'Eastwood derrière la caméra se fait ressentir avec ce sang plus proche de la peinture que de l'hémoglobine, ces gros plans tremblotants et cet égocentrisme grandiloquent qui phagocyte la plupart de ses métrages.
Il faut en effet savoir qu'à l'origine, le film devait être réalisé par Philip Kaufman mais Eastwood, très (trop ?) impliqué dans le projet, n'a pas aimé le point de vue artistique que prévoyait l'auteur initial. Le principal défaut de ce film pourtant excellent reste donc avant tout l'individualisme de son réalisateur qui se met encore et toujours au premier plan, campant ce héros invincible terriblement attachant...
Ceci dit, Eastwood parvient à réaliser avec Josey Wales un excellent western à moitié historique, loin des préjugés, loin des habituels films du genre, avec ce qu'il faut de passages épiques et de scènes truculentes revenant régulièrement dans le métrage (Josey qui crache à longueur de temps, les répliques fumeuses du vieil indien...) pour vivre une incroyable aventure aussi intense que sincère. Un cinquième film réussi donc pour l'acteur-réalisateur qui continue de varier les genres avec une aisance déconcertante.