Que dire de neuf à propos de Vincent Lindon, pour sa prestation dans Jouer avec le feu où son rôle de père cheminot, élevant seul ses deux fils, semble taillé à sa gigantesque mesure. Mais ne l'assure t-on pas de chacun des personnages qu'il interprète, même de ceux qui ne sont pas engagés politiquement ? Quoi qu'il en soit, on était assez curieux de voir l'acteur dans le cinéma de Delphine et de Muriel Coulin, qui commence à prendre une vraie épaisseur, avec le temps. Dans jouer avec le feu, la perspective peut paraître surprenante puisque ce n'est pas tant le garçon qui "vire facho" que l'on suit de près mais bel et bien son père, volontaire mais impuissant, et, accessoirement son autre fils. C'est un peu comme si on avait le contrechamp sans avoir eu un véritable champ, d'ailleurs parfois hors champ, volontairement. Le récit surprend un peu, dans sa dernière partie, comme si les réalisatrices s'étaient rendu compte qu'il leur fallait un événement important pour donner de la densité à leur histoire. On est en droit de penser que non, ce n'était pas nécessaire, à partir du moment où le film jouait depuis le début sur un tempo moderato, subtil mais manquant sans doute de mordant, aux yeux de certains, pour qui démontrer est aussi important que montrer. Moyennant quoi, Jouer avec le feu n'atteint peut-être pas le niveau qualitatif espéré, ceci ne remettant surtout pas en cause l'interprétation magistrale de Vincent Lindon.