De belles choses mais qui ne sont pas liées au film lui-même, c’est la première observation négative que l’on peut faire du nouveau film de Raymond Depardon, co-réalisé avec son ingénieur du son attitré depuis 1986, Claudine Nougaret.
Ce film là, très attachant, souffre d’un côté best of. En somme, il est au cinéma de Depardon ce que L’amour en fuite est à la saga Doinel de Truffaut. Depardon revient sur son cinéma, jusqu’à ses débuts photographiques. Si cela avait comme dessein de compléter sa dense filmographie, le film pourrait être passionnant, malheureusement, bien qu’il se nourrissent en majorité de chutes ou d’inédits, à de nombreuses reprises ce sont bien des séquences de films que l’on a déjà vu qui nous sont montrées. 1974, une partie de campagne ; Reporters ; San Clemente ; Empty Quarter ; Fait divers. Sans la moindre connaissance de ces excellents films, ces extraits s’insèrent parfaitement dans la chronologie narrée par Claudine Nougaret, qui agrémente le tout en voix off.
En parallèle à cette rétrospection facile, le Journal de France que j’attendais est plutôt intéressant dans la mesure où il s’intéresse, comme le faisaient ses précédents films, jusqu’aux magnifiques films constituant Profils paysans, aux aspirations du présent de Raymond Depardon. Le cinéaste a en effet choisi l’option de sillonner le territoire français qu’il connaît moins bien que certains pays africains, remarquera t-il à plusieurs reprises. Il décide d’effectuer, au moyen d’une petite fourgonnette, un petit tour de France, voyage dans les lieux inconnus, où il observe tout jusqu’à trouver le bon endroit, la bonne lumière et le bon angle pour prendre une photo à partir d’une chambre photographique. Cette partie de film me touche davantage car elle s’inscrit dans ses doutes et incertitudes qui le hantaient déjà il y a quarante ans quand il se demandait quoi choisir entre la photo et le cinéma.
Alors c’est vrai que l’on pourra reprocher à ce film là son manque de confiance dans l’épure de son cinéma (cette fuite en fourgonnette était pourtant le moyen de refaire un Empty quarter, son meilleur film à ce jour) et cette mécanique has been du montage parallèle, pourtant il se passe quelque chose de non négligeable c’est cette envie que le film procure de se pencher sur l’entière filmographie du cinéaste. Journal de France aura au moins ce mérite là. C’est la qualité de sa faiblesse, c’est presque publicitaire : il est destiné à celui qui n’a pas idée de l’importance de ce cinéma, voire qui ignore son existence…