Journal de France par Teklow13
Journal de France cartographie deux territoires. Un territoire intime, un retour sur la vie et la carrière de Depardon, retracé et compté à travers des morceaux de pellicules filmées par le cinéaste aux quatre coins du monde et montée par son épouse. Et le territoire français que Depardon arpente au volant de la camionnette, à la recherche du détail, du morceau de paysage à photographier. A travers ce double mouvement, le couple semble vouloir mettre en scène la mémoire. La mémoire d'une vie, d'une rencontre à travers des fragments de films et des souvenirs. Et la mémoire d'un pays, Depardon capte des façades de boulangerie, de tabac, photographie une bande d'amis se trouvant au même endroit qu'il y a 15 ans. Avec ces clichés il cherche à retranscrire une image de la France, son passé, son présent, et en immortalisant l'instant pour le futur.
A travers ce double mouvement il y a également l'idée du voyage, Depardon explore un territoire qu'il ne connait finalement que très peu, alors que sa compagne relate ses déplacements à travers le monde.
Malheureusement, à l'écran, ces idées ne donnent pas grand-chose. Le dialogue entre Depardon et sa femme, et entre ce qu'ils montrent chacun de leur côté, à du mal à s'instaurer, de prendre réellement chair.
Le problème principal est du côté du travail de montage d'archive proposé par Nougaret. Ca n'a pas de véritable intérêt. C'est une accumulation d'images mortes, un catalogue rétrospectif linéaire et languissant porteur d'aucun nouveau regard si ce n'est celui affectif que porte une femme sur un mari qu'elle admire. Mais le problème est que ces images ont perdu leur force et leur fonction première. En les sortants de leur contexte, elles sont vidées de chair et de sens.
Et le choix de montage fait qu'elles ne racontent pas une nouvelle histoire, elles ne communiquent pas entre elles, et peine à le faire avec le cheminement de Depardon sur les routes.
Elles ont également du mal à communiquer avec le présent, ce que Nougaret cherche aussi à faire (au niveau du milieu politique, journalistique, ...).
La « partie » de Depardon est un peu plus intéressante, il y a 2,3 belles choses, des routes, des gens, des paysages. Mais là encore c'est un peu une redite, il n'y a pas grand-chose de neuf.
C'est dommage, il y a de bonnes intentions mais je trouve le film plutôt raté.