Voilà un sujet banal sur la triste condition de vie des secrétaires érotisé et sublimé par Masaru Konuma et personnifié idéalement par Asami Ogawa à la fois triste et superbe. Le propos pourrait être seulement grivois ou mélo, Konuma en fait une fable sur la condition des femmes dévouées leur famille, travaillant dans des postes subalternes et ingrats. Leurs amours ancillaires avec des hommes, avec leurs chefs seront forcément décevants. Elles savent qu’elles ne sont que des objets affriolants pour eux. Elles se persuadent du bien-fondé de leurs aspirations sociales : confort, mariage, enfantement et puis il y a leurs propres désirs d’amour, de sexe et d’épanouissement qui ne peuvent être qu’incompris. Mais, c’est par leurs désirs qu’elles arrivent à gagner liberté et fierté. Ce journal intime d’une secrétaire est donc beaucoup plus qu’un récit égrillard.
En plus, Masaru Komuna montre ici toute sa maîtrise de réalisateur : maîtrise de la caméra (plan en pied légèrement décalé sur Asami Ogawa, angle de la scène de l’ascenseur), inventivité (scène des poussins), utilisation magistrale de la bande-son (scène à l’auberge)…
Il bénéficie de l’interprétation adéquate au propos du film d’Asami Ogawa, terne par moment, irradiante à d’autres. Elle est ici parfaite de banalité et de beauté, de timidité et d’effronterie.
Aoi Nakajima n’a en revanche qu’un petit rôle de secrétaire alcoolique ne pouvant dépassé son statut social.
Oserai-je dire que malgré le côté année 70 et roman porno, ce film peut être vu encore aujourd’hui avec une lecture féministe et sociale ? Ne serait-ce que par les qualités de la réalisation, vous devriez apprécier ce pinku haut de gamme (sans corde, ni fouet)