Journal universel, poème Intime

Journal Intime, c'est un film qu'il ne faut pas "simplement" regarder. Il faut s'y balader, peut-être s'y perdre, s’y laisser transporter, à l'image de Nanni Moretti sur sa Vespa, image devenue la plus célèbre du film et peut être de son cinéma. C’est que Nanni Moretti est sans aucun doute un des cinéastes les plus libres, capable de mêler tous les sujets, politiques ou intimes, et s’autoriser les plus belles digressions, dans des films qui prennent leur temps.
Journal Intime est un film qu’il faut prendre le temps d'écouter. Prendre le temps d’écouter sa bande-son, les compositions originales nostalgiques de Nicola Piovanni, ou la playlist de chansons préexistantes, composée de musique du monde entier. Prendre le temps d’écouter ce que Moretti veut nous confier. Le titre n'est évidemment pas anodin, et ceux qui pense voir un film nombriliste n'ont pas saisi l'universalité du propos de Moretti. Certes ce dernier met en scène, écrit et joue son propre personnage, mais pour s’adresser directement et sincèrement au spectateur, lui livrer au cours de ses ballades ses secrets les plus enfouis.
Journal Intime est un film qui nous invite à voir la vie de tous les jours d’un œil nouveau, de faire de chaque rencontre, de chaque paysage, îles, cafés, immeubles, un poème burlesque ou mélancolique ; faire de ce nouveau regard un moyen "d'intensifier" la vie, non en multipliant les péripéties, mais en faisant de chaque rencontre une petite étape sur le chemin de l'existence, comme sur la route de bitume sans fin que silionne Nanni.
Moretti cherche la simplicité, non la facilité. Tout le film est épuré pour mettre en avant le recueil de sa vie de « splendide quadragénaire », et que les émotions jaillissent en nous, comme si nous les connaissions depuis l’enfance.

Sincère. Voici le mot qui correspond donc le mieux à Journal Intime.
Sincère dans sa démarche de faire un cinéma pour tous, grâce à la vision d'un auteur.
Sincère d'offrir un film hybride, mélangeant les registres pour créer une nouvelle manière de faire des films.
Sincère de vouloir raconter l’histoire simple d’un homme, sujet à des joies et des névroses, à la douleur et au plus grand bonheur.
Journal Intime est le porte étendard d'un cinéma d'auteur sincère, qui ne cherche pas à être élitiste.
Moretti film ce qui lui plait, pour nous le faire aimer à notre tour, et nous faire réaliser qu'un film où l'intrigue est diffuse, libre, et peut être une expérience de cinéma nouvelle et passionnante.

Journal Intime est un objet filmique unique, riche, que l'on ne peut définir qu'une fois face à lui, tellement ce qu’il est capable d’offrir dépend du ressenti et le vécu de chacun. C'est un film que l'on n'oublie pas, qui reste toujours, même discret, dans un petit coin de notre mémoire, et sur lequel on aime revenir de temps en temps, pour saluer Nanni.