Pas totalement convaincu par ce giallo qui se repose sur sa seule esthétique et sa belle galerie d’acteurs. De façon assez évidente, Luigi Bazzoni ne s’intéresse qu’assez peu à son intrigue et les maladroites explications finales pour justifier les agissements du tueur ne sont pas du tout convaincantes. C’est assurément un véritable point noir dans cette histoire mal fagotée et brouillonne, sinon ennuyeuse au cœur de son récit. Les recherches visuelles du début et de la fin sont le véritable intérêt de ce film qui, comme ses cousins, s’attaquent frontalement à une haute société italienne décadente où la perversion de sa classe sociale ne peut aboutir qu’à la déchéance morale et criminelle. Le discours n’est pas neuf et le film enfonce des portes ouvertes, se limitant par endroits à se complaire dans des scènes dénudées qui s’échinent à maintenir l’intérêt du spectateur populo.
Cette écriture défaillante est vraiment dommageable car, esthétiquement, le film est bien conçu et les courses des différents personnages, notamment à la fin, dans d’étroits dédales, sont de véritables réussites. La présence en tête d’affiche de Franco Nero, dont le magnétisme est évident, mais aussi de sublimes actrices (Silvia Monti, Agostina Belli ou encore Pamela Tiffin) ne gâte rien, mais le résultat repose trop sur des scènes isolées les unes des autres pour emporter le spectateur dans son récit. La mise en scène des meurtres reste, à quelques exceptions près, plutôt sommaire et l’angoisse n’est jamais au rendez-vous, ce qui est toujours préjudiciable dans ce type de films.
On sent bien que l’intention est davantage de créer une ambiance noire, laquelle n’étant pas forcément bien compatible avec le giallo. Ambiances extérieures froides et personnages désenchantés entrent en collision avec un monde pervers montré de façon caricaturale et maladroite. En somme, une déception. La forme l’emporte sur le fond, or les meilleurs giallos sont ceux qui mettent l’un au service de l’autre.
4,5