En souvenir du mémorable Bombon El Perro, on ne pouvait pas laisser passer l'occasion de retrouver l'argentin Carlos Sorin : nous voici donc repartis pour quelques Jours de pêche en Patagonie.
La Patagonie est une terre plate et désolée, battue par les vents et les flots, sillonnée de longues routes désertes, une terre de passages terrestre et maritime.
Le bout du monde, celui des anciens, plat avec le bord.
Dans ce décor insipide, quelques lieux incolores : une cafétéria, un couloir d'hôpital, une salle des fêtes, ...
Dans le film de Carlos Sorin, tout le monde vient d'ailleurs et se retrouve là, de passage, pour quelques jours ou pour quelques années.
Sur cette lande sans relief, dans ses lieux sans âme, il n'y a que les hommes. Et Carlos Sorin sait les filmer comme personne : des personnages plutôt quelconques, franchement ordinaires, pas réellement beaux, pas vraiment intéressants, ... mais à la deuxième apparition nos lèvres s'écartent en large sourire, on se dit chic ! et on voudrait s'asseoir là avec eux sur une chaise en plastique inconfortable et blablater pendant quelques jours ou quelques années. Quelle empathie et quelle humaine gentillesse baignent ce film lent qu'on voudrait voir durer encore quelques heures pour profiter encore et encore de ces regards, de ces sourires.
Le personnage principal est, comme tout le monde ici, de passage.
Homme ordinaire, il vend des roulements à billes.
Son passé se dévoile par petites touches au fil des images : ex-alcoolique, ex-marié, ...
Officiellement il est venu passer quelques jours pour la pêche au requin. Il est surtout venu retrouver sa fille qui s'est éloignée de lui, depuis plusieurs années.
C'est un peu la pêche au passé, quelques petites prises de ci, de là, mais pas plus de gros requin qu'en mer.
La pêche à une certaine idée de sa fille ou plutôt à une nouvelle idée de lui-même ...
Le film est tout en ellipses, drames et sentiments seulement suggérés, jusqu'à la très belle fin.
Et dans la famille Sorin, on veut bien aussi le fils, Nicolas Sorin, qui signe une très belle musique digne des films japonais orchestrés par Joe Hisaishi.
BMR
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 29 sept. 2014

Critique lue 291 fois

1 j'aime

BMR

Écrit par

Critique lue 291 fois

1

D'autres avis sur Jours de pêche en Patagonie

Jours de pêche en Patagonie
-Marc-
4

Ca ne mord pas

Une Histoire simple dans les paysages austères de la Patagonie filmée de la manière la plus dépouillée de tout artifice qui se puisse. Il ne reste qu'une émotion légère que le vent emportera vite.

le 30 janv. 2014

3 j'aime

Jours de pêche en Patagonie
PatrickBraganti
4

Critique de Jours de pêche en Patagonie par Patrick Braganti

L'argentin Carlos Sorin s'est fait en l'espace de ses trois premiers longs-métrages le spécialiste des films à thèse sociale, mettant en scène des gens modestes, pauvres à l'extérieur et riches à...

le 27 déc. 2012

2 j'aime

Jours de pêche en Patagonie
Pembroke
3

Agonie en Patagonie

C'est rageant, ce film avait l'air d'être magnifique et précieux (comme le fut Bombon el perro, un des précédents films du réalisateur) or cette oeuvre m'a laissé un goût d'inachevé et de déception...

le 7 janv. 2016

1 j'aime

Du même critique

A War
BMR
8

Quelque chose de pourri dans notre royaume du Danemark.

Encore un film de guerre en Afghanistan ? Bof ... Oui, mais c'est un film danois. Ah ? Oui, un film de Tobias Lindholm. Attends, ça me dit quelque chose ... Ah purée, c'est celui de Hijacking ...

Par

le 5 juin 2016

10 j'aime

2

The Two Faces of January
BMR
4

La femme ou la valise ?

Premier film de Hossein Amini, le scénariste de Drive, The two faces of January, est un polar un peu mollasson qui veut reproduire le charme, le ton, les ambiances, les couleurs, des films noirs...

Par

le 23 juin 2014

10 j'aime

Les bottes suédoises
BMR
6

[...] Je ne suis pas hypocondriaque, mais je préfère être tranquille.

C'est évidemment avec un petit pincement au cœur que l'on ouvre le paquet contenant Les bottes suédoises, dernier roman du regretté Henning Mankell disparu fin 2015. C'est par fidélité au suédois et...

Par

le 10 oct. 2016

9 j'aime

1