Première seconde, première cascade; deuxième seconde, première réplique: "Amusant, non ?"
Tout à l'air d'un Bébel ce qu'il y a de plus classique.
Cérito à la production, Jean-Paul Belmondo en tête d'affiche et sa cour ordinaire - Marie Laforêt à la réplique et Georges Lautner à la réalisation ... Tout à l'air d'un Bébel ce qu'il y a de plus classique.
Puis entre en scène Sophie Marceau.
Puis Belmondo cite sa filmographie: "Fort Sagane !"
Le monde de Bébel rencontre, sans heurt, la nouvelle génération.
Cette première rencontre fait déjà de Joyeuses Pâques un Bébel bien à part.
Et puis la langue, le verbe, le comique de mots ...
Bébel cesse de déclamer Audiard pour s'essayer au Poiret.
La voix à la Ventura et Gabin s'essaye à Celle de Poiret et de Serrault.
Et, là, y'a heurt.
Heurt créatif, heurt fort, heurt curieux et étrange mais pas inintéressant.
Cela fait bizarre de voir Belmondo dans le vaudeville plutôt que dans le film d'action
et, paradoxalement, ça fait bizarre de voir du Poiret traversé çà et là de gros carambolages
et de péripéties façon Du Broca-De Funès !
NOM DE DIEU ! NOM DE DIEU ! NOM DE DIEU ! NOM DE DIEU ! NOM DE DIEU !
Résultat: Belmondo donne dans l'exagération, dans l'extrapolation, dans l'hyperbole théâtrale d'une pièce adaptée en film et qui veut briser le huis à coups de pare-chocs.
C'est drôle au double sens du terme: étonnant, étrange mais souriant et drôle pour qui accepte la rencontre des univers si différents de Belmondo et Poiret.
C'est un friandise pour bondmaniaque aussi: Belmondo quelque 17 ans après Casino Royale et Sophie Marceau quelque 15 ans avant Le Monde ne suffit pas. Ah, on va voir s'il a la frousse, 007 ! Le patron agent du MI6 lutte pour une future Bond Girl avec le représentant marxiste du syndicat: tout un détournement de (sex)-symbole !
Un final qui fait du bien en ces temps twitteriens du politiquement correct excessif voire extrémiste, taclant accusation systématique et souvent de mauvaise foi de racisme, de sexisme et toute cette hypocrisie pseudo-politique et sociale de basse cuisine.
Et, cerise sur le gâteau, la présence impériale de Marie Laforêt plus belle, plus envoûtante, plus flegmatique, plus drôle, plus fine que jamais, qui, selon moi, porte en réalité, elle, le film sur ses épaules. Une Marie Laforêt tout de bleu, ange sexy et drôlatique de ce drôle de mélange entre vaudeville poiretien et comédie d'action belmondesque.