Les bons échos que j'en avais depuis sa sélection cannoise et plus encore depuis son prix du jury et sa queerpalme avaient suscités chez moi une certaine curiosité. Et cela n'a fait que s'affirmer depuis sa sortie en fin d'année dernière avec l'enthousiasme de ma sphère cinéphile et les excellents retours lus ici et la.
J'ai enfin eu l'opportunité d'attiser mon impatience cette semaine, et je peux confirmer que toute l'agitation autour de ce film est amplement mérité. Je n'ai pourtant pas immédiatement été conquis car il me semblait que le scénario était certes intense et chaleureux, mais un peu trop balisé par des intentions attendues dans le genre inclusif et bienveillant envers des minorités. Ce n'est que vers le dernier tiers qu'il m'apparaît comme une proposition formelle beaucoup plus audacieuse que ses simples intentions de départ.
J'y repense avec une émotion non feinte depuis ma sortie de la salle, tant certains plans me marquent la rétine. Et je me refais intérieurement des remarques sur les multiples interprétations possibles que l'on pourrait donner aux situations que vivent ces personnages abîmés par des carcans obsolètes (et malheureusement plus que jamais tenaces). La fin notamment oscille entre amertume et célébration d'une possible rédemption, sans qu'elle soit totalement certaine du sens qu'on devrait lui prêter. Le film devient à ce point ambiguë que je serais bien incapable de lui donner une orientation plutôt optimiste ou pessimiste. Je crois que c'est ce qui fait sa grande force ainsi que sa grande beauté.