A la fin des années 60, Bill se fait pincer par le FBI pour un vol de voiture et usage de faux papiers de police, on lui propose alors d'infiltrer le parti des Black Panthers et de devenir un véritable Juda trahissant tous les plans secrets de son leader, Fred Hampton. Bill accepte, afin de ne pas partir à l'ombre pour la prochaine décennie, et aide le FBI a déjouer les activités des Black Panthers, jusqu'à leur permettre d'attaquer ses membres les plus actifs. Le réalisateur Shaka King (aucun lien avec Martin ? Comme il est cité toutes les deux minutes...) s'offre un scénario solide sur le papier, tiré d'une histoire vraie bien triste et dont le mouvement Black Lives Matter reste un encore plus triste écho actuel. Mais si l'on entame le film avec les meilleures intentions, on déchante tout aussi vite : le rythme ne suit pas (et c'est un euphémisme). On plonge copieusement dans les dialogues à n'en plus finir, dans un quasi-néant de montage (les scènes sont trop longues, statiques, d'une platitude rare), et avec des acteurs qui semblent peu en forme. C'est parce qu'on l'aime bien que l'on commence à saturer de voir Daniel Kaluuya toujours dans des rôles de revendication "de couleur" depuis 2017 (Get Out, Black Panther, Queen and Slim, et maintenant l'histoire du Black Panther Party), comme si Hollywood n'était pas intéressé par les autres performances qu'il pourrait offrir, dommage car son personnage de Fred Hampton sent le déjà-vu le plus complet. Son binôme Lakeith Stanfield (qui interprète la fameuse taupe) est quant à lui totalement transparent à l'image, il n'a aucun mal à se faire éclipser par les rôles secondaires. Même sans connaître l'histoire vraie, on voit venir la fin avec ses gros sabots dramatiques, qui ne rate pas le coche, et enchaîne sur la sempiternelle dernière séquence en épilogue tragique à lire sur fond noir, dates et liste de décédés à la clé. On reste évidemment malheureux face à cette injustice, mais le film Judas and the Black Messiah n'arrive pas à porter cette histoire (pourtant solide) aussi haut qu'elle le mériterait, la faute à une facilité dramatique (la fin) et surtout à un rythme soporifique, qui font de ces 2h05 un pénible moment de ne pas se sentir bouleversé par une tragédie, parce qu'on s'ennuie.