Judex
6.7
Judex

Film de Georges Franju (1963)

J’ai entendu parler de Judex pour la première fois à la sortie du livre "Super-héros, une histoire française".
Le personnage de Judex a été créé pour un sérial de Louis Feuillade ; mais comme ça dure 5h et que c’est sorti en DVD qu’aux Etats-Unis et que c’est compliqué à trouver autrement, je me doutais que j’avais plus de chance de voir le long-métrage de Georges Franju.
On ne peut pas vraiment parler de super-héros, plus de justicier ; ce que veut d’ailleurs dire "judex" en latin. On a tendance à imaginer ce type de personnage au cinéma à partir des années 80, on ne s’attend pas trop à voir ça dans un film dès les 60’s, mais ce n’est pas si surprenant au final, quand on prend en compte que des équivalents de Judex se trouvaient déjà dans les BD ou les sérials, à la TV ou à la radio. Ils étaient juste moins présents au cinéma.


Le film débute alors que le banquier Favraux reçoit des lettres de menaces d’un certain Judex, qui réclame qu’il rende une part de sa fortune à ceux qu’il a escroqués. Favraux est de ces riches qui saignent les pauvres… littéralement même, puisqu’il tue un ancien complice qui a séjourné en prison pour avoir gardé le silence, sans rien obtenir en échange. Cela ne suffit pas encore, puisque Favraux se sert également de sa fortune comme argument pour obtenir la main de Marie, la tutrice de sa petite fille. Comme quoi, on pouvait déjà voir des caricatures aussi grossières à l’époque.
Favraux engage un détective pour découvrir l’auteur des lettres de menaces, mais l’enquêteur ne servira à rien (mais vraiment, tout au long du film), puisque le banquier connaîtra tout de même la colère de Judex.
Suite à son décès, Marie veut s’emparer de documents que Favraux a utilisé pour faire chanter des gens hauts placés. La tutrice se transforme soudain en super-méchante, prête à tout pour arriver à ses fins criminels, elle se déguise en nonne, menace un ambulancier et lui vole son véhicule, … ça prend des proportions ridicules.
Elle est accompagnée de son copain, et tous deux sont de vrais guignols qui font leurs premiers pas dans le banditisme. Pour un cambriolage, ils s’équipent de catsuit et de loups (le masque qui se barre d’un coup de main), ils ouvrent le portail des Favraux avec la clé, et marchent sur le sentier bien dégagé qui mène à la demeure.
Quand il s’agit de se débarrasser de quelqu’un, ils jettent le corps, encore vivant, dans l’eau, en plein jour, et sans le lester…
Mais ils ne sont pas les seuls dont le comportement est incompréhensiblement crétin. Il y a un personnage retenu prisonnier qui, quand il a enfin accès à un téléphone, gueule dedans avant même que quiconque réponde au bout du fil.


L’intrigue devient vraiment absurde au bout d’un moment, alors que tout le début du film conserve une certaine classe. Les twists sont complètement grotesques, un des méchants s’apprête à tuer un homme, qui reconnaît sa bague, et l’autre s’écrie alors "vous êtes mon père !". Et ce détective qui, comme je le disais, ne fout rien, et reste au pied d’un immeuble quand Judex est en danger, expliquant qu’il n’a pas accès au bâtiment et "je ne suis pas acrobate"… mais quel hasard, son amie qui travaille au cirque passe par là, et escalade la façade pour lui.
Et on ne peut pas justifier tout cela en disant uniquement qu’il s’agit d’un hommage, que c’était comme ça dans les serials, … heureusement que la dramaturgie a évolué depuis, et on peut rendre hommage sans forcément tomber dans les mêmes travers.


Malgré le titre du film, on voit relativement peu Judex pendant une bonne partie du métrage, et on s’intéresse davantage aux autres personnages.
A la première apparition du justicier, on n’est pas certain avant un moment qu’il s’agisse de lui ; il arrive à une soirée costumée, sur le thème des oiseaux il faut croire, avec un superbe masque de coq à rendre jaloux les cosplayeurs d’Hotline Miami.
On fait alors tout un mystère sur son identité, mais quand on voit enfin son visage, c’est présenté comme si ça n’avait aucune importance.
Il s’avère être aussi au final un piètre héros. Il a des gadgets, un énorme repaire situé dans les ruines d’un château, mais ses hommes de main font tout pour lui. La seule capacité spéciale de Judex, c’est sa présence. Il casse une vitre, il rentre par la fenêtre, il en impose avec sa grande cape et s’avance vers des adversaires pétrifiés… mais fait pas attention à un autre type sur le côté, qui lui fout un coup de brique sur le crâne. Fin de la séquence. Si c’est pas la lose, ça…


Très décevant.

Fry3000
4
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le 17 janv. 2016

Critique lue 973 fois

5 j'aime

Wykydtron IV

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