“Judge Priest” fut longtemps le film préféré de John Ford avant qu’il réalise en 1953 “The Sun Shines Bright” (Le soleil brille pour tout le monde) dont il peut être considéré comme une ébauche, plus portée sur la comédie, le scénario de Dudley Nichols et Lamar Trotti s’inspirant de quatre des récits de l’humoriste Irvin Cobb ayant Judge Priest comme personnage principal. Si le déroulé, sur fond de la guerre de sécession récemment perdue par le Sud, est assez dramatique, les éléments comique, la gaité et la musique donnent à l’ensemble un ton bienheureux. Elle dépeint la résurrection d’un solitaire, seul contre la majorité, héros injustement accusé, figure récurrente dans l’œuvre fordienne. Certes le film a quelque peu vieillit, mais grâce a une direction d’acteur très juste (casting dominé par Will Rogers et Anita Louise), la galerie de personnages hauts en couleurs (on se croirait chez Pagnol, « lasssen en moinse »)prend vie avec tendresse. Même si parfois l’émotion lacrymale n’est pas très loin, le rire l’emporte le plus souvent, et la roublardise du juge est pardonnée pour la bonne cause. Cette bonne humeur, habillement mélangée à la mélancolie d’un passé révolu, permet de passer un bon moment, sans la tension, et la gorge serrée qui va avec, du ”Soleil brille pour tout le monde”. Les bonnes consciences incultes du cancel culture n’éviteront pas de le brocarder pour sa complaisance vis à vis des anciens confédérés. Une analyse historique reposant sur l’économie montre que clairement la guerre fut financée pour accaparer l’industrie du coton, rentable grâce à une main d’œuvre d’anciens esclaves abusivement exploitée, qui tombèrent dans une misère absolue décrétée par la haute finance de l’Est. Au nom de l’abolition de l’esclavage, c’est une des plus cynique exploitation meurtrière du capital. Seul Lincoln, les militaires et les gogos y crurent.