Dans la filmographie de Takeshi Kitano, Jugatsu est son deuxième film. Mais, il semble que, pour le premier "Violent Cop" (que je ne connais pas), Kitano aurait remplacé le réalisateur en cours de tournage.
Bref, Jugatsu est un film dans lequel Kitano avouera qu'il ne savait pas diriger un film. Jusqu'alors, il était soit acteur soit scénariste.
Ces précisions sont importantes car Jugatsu que j'ai vu 2 ou 3 fois me laisse toujours une impression bizarre.
Le scénario, d'abord où, pour la faire courte, un jeune pompiste/laveur de voitures, pratiquement un ado, l'air un peu abruti, se fait engueuler par un yakuza pas content de son travail. Le jeune lui balance son poing et casse le bras du yakuza. Par mesure de rétorsion, le clan yakuza demande réparation au garagiste entrainant une réaction en chaine où le garagiste refusant le rackett fait appel à un ancien yakuza qui lui-même est délicatesse avec le clan et conduit à une aggravation nette du conflit, etc …
Le film est tourné pratiquement en une succession de plans fixes. L'exemple typique, renouvelé à chaque scène, montre des acteurs qui sont immobiles et qui observent la caméra ou plutôt l'acteur qui leur fait face et qu'on ne voit pas. Pas d'expression particulière (à la rigueur du mépris). Quelques mots sont échangés avant que ne se déchaine une violence extrême qui se termine très mal pour une grande partie des figurants.
Un mot de trop ou un mot mal employé et c'est au minimum un coup de poing qui défigure l'interlocuteur.
Le summum étant atteint lorsqu'apparait le yakuza joué par Kitano lui-même. Soumis à d'intenses et irrépressibles pulsions, il est d'une violence extrême avec ses ennemis (scène du karaoke) mais il est aussi d'une violence avec la fille qui l'accompagne qu'il viole, qu'il tarabuste, qu'il frappe et encore je ne dis pas tout (pour ne pas spoiler). J'avoue humblement que quand Kitano se prend une bastos dans la gueule, ça m'a vraiment fait des vacances…
Étrangement, à part la scène du karaoké chanté par un amateur minable, le film n'a pas de musique du tout donnant un ton irréel au film. Surtout que les acteurs ne débitent pas non plus de grandes tirades. On dépasse à peine le stade de l'onomatopée. On me dira qu'on en apprécie que mieux le bruit des coups, des gifles ou des flingues …
Ah oui, j'oubliais le truc presqu'amusant : le base-ball qui est omniprésent dans le film me laissant à penser que les USA ont complètement imprégné le pays en quelques dizaines d'années. Ce sont des adolescents qui y jouent (dont le pompiste). Je n'ai jamais rien compris à ce jeu (je n'ai jamais fait l'effort à vrai dire) mais j'ai quand même l'impression que les gens jouent plutôt mal. En tous cas, là encore, la nana qui assiste au match et qui ricane quand un des joueurs se plante, a vite fait de se prendre une mandale dans la gueule.
Pour conclure, c'est un film très bizarre. Limite surréaliste avec la violence qui passe avant les dialogues. Les femmes, en particulier, y sont maltraitées, je dirais presque gratuitement et n'ont certainement pas leur mot à dire. Quand elles encombrent ou qu'on les a suffisamment utilisées, on les largue comme des merdes. Le point (à peu près) positif, c'est qu'elles n'y meurent pas. Mais est-ce vraiment un point positif ?
Comme Kitano avoue ne pas savoir encore tourner, je vais être gentil en disant qu'il est encore en apprentissage. Car les films qui succéderont sont quand même bien plus intéressants (Sonatine, Hana-Bi, Aniki, …)
Non, je n'ai pas aimé ce film et l'ambiance malsaine qui y règne.