Revoir "True Crime" aujourd'hui, film "secondaire" de la filmographie d'Eastwood, alors qu'il a désormais atteint une sorte d'apogée stylistique qu'on n'attendait pas de lui, permet surtout de voir ce qui "leste" son oeuvre, que les films soient importants ou non, ce qui passe et qui cerevient de ses préoccupations (politiques, morales, éthiques). Au delà de son style très "lâche", presque "incorrect", "True Crime" se présente avant tout comme une prise de position très ferme contre les dérives du système américain, enrichi par un refus ironique mais ferme des "codes de fonctionnement" de la société : du prêtre moralement douteux qui décrédibilise la foi, au manque de pertinence de l'analyse raciale des tensions sociales, Eastwood préférant à la sociologie simplificatrice la liberté de destins individuels, tout est subtil et complexe dans l'analyse proposée, et concourt au final à une vraie noblesse du film. A noter aussi le soin porté aux personnages secondaires, tous magnifiques, tous justes, et souvent très drôles, ce qui ne gâche rien : "True Crime" prouve qu'on peut parler haut et clair à travers une fiction toute simple.
[Critique écrite en 2011]