Le monde du cinéma a exploré toutes les facettes de la Seconde Guerre Mondiale. La guerre sur le front ouest avec "Dunkerque" par exemple, la guerre sur le front est avec "Requiem pour un massacre", la guerre dans le pacifique avec "Lettres d'Iwo Jima" et la trilogie de "La condition de l'homme", la guerre en Afrique du nord avec "Le renard du désert" ou "Casablanca", la guerre dans la mer avec "Le Bateau", la guerre du point de vue des résistants avec "L'armée des ombres", la guerre du point de vue des scientifiques avec "The Imitation Game" et "Oppenheimer", la guerre du point de vue des juifs avec "La liste de Schindler" ou "Le Pianiste", la guerre du côté des déserteurs avec "Une vie cachée", et même la guerre du point de vue d'Hitler avec "La chute". À part la guerre du point de vue des Tsiganes, le cinéma a exploré de tous les côtés l'évènement le plus meurtrier que l'humanité n'ait jamais connu. La justice qui découle de ce conflit n'est pourtant pas aussi impressionnante et aussi violente que cette dernière mais pourtant elle reste très importante, et "Jugement à Nuremberg" nous le montre (la justice en Europe en tout cas) en l'espace de 3 heures.


Ce film impressionne moins qu'un film où l'action se déroule sur un champ de bataille, n'émeut pas autant qu'un film sur les camps d'extermination, n'est pas aussi sombre qu'un film sur la résistance, non il relate le procès de Nuremberg (de façon très romancée) qui suit directement la fin du conflit en Europe. Les accusés sont des magistrats allemands accusés d'avoir collaboré avec le régime nazi. L'un d'entre eux est d'ailleurs incarné par Burt Lancaster, qui peaufine sa carrière d'acteur avec cette interprétation selon moi car c'est avec ce genre de rôle qu'un acteur peut montrer toute l'étendue de son talent. Le film a un rythme assez lent, ce qui n'est pas particulièrement surprenant étant donné que le vrai procès s'est déroulé sur plusieurs jours.

Après un tel conflit où tout a été extrême, le silence du tribunal nous bourdonne dans les oreilles. De tels actes sont jugés aussi simplement que d'autres crimes, et les hommes assis sur le banc des accusés n'ont pas l'air différent d'autres êtres humains, enfin à part Lancaster qui a toujours eu un visage très spécial.


Le film montre très bien la situation et le ressenti du côté des accusés comme du côté des juges. Les prises de parole sont dramatiques, parfois difficiles à entendre. Le déni de toute responsabilité dans les actes commis est aussi terrible, en considérant que pendant la guerre ces mêmes personnes n'ont pas hésité à condamner des innocents à la mort, et quand ils sont à leur tour devant les juges, juges qui ont le même pouvoir qu'ont eu les accusés, on voit à quel point ces personnes, pourtant toutes puissantes encore quelques temps avant le procès, sont des êtres humains aux réponses humaines, en l'occurrence le déni de toutes responsabilités.


La morale de ce film est que peu importe les actes ignobles qu'un être humain peut commettre, on se rend compte à la fin que ces gens ne sont que d'autres êtres humains, pas des vilains maléfiques aux super pouvoirs, mais des humains qui se sont tout permis parce qu'ils se croyaient tout puissants. « Le Jugement de Nuremberg » dépeint simplement des hommes ramenés à la réalité alors qu'ils ne l'ont jamais quittée.



Chti59

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