Joseph L. Mankiewicz adapte la pièce "Julius Caesar" de Shakespeare, avec une volonté de fidélité. Comprenez par là qu'il s'agit d'un film très théâtral, autrement dit très bavard et statique. Ne vous attendez donc pas à un péplum à la "Cleopatra" (pourtant sorti 10 ans plus tard, par le même réalisateur, et se déroulant à peu près à la même époque !)."Julius Caesar" revient sur les moments précédents l'assassinat de César, puis sur la traque de ses meurtriers.
Malgré son côté théâtral a priori plutôt destiné à la scène, le film de Mankiewicz parvient à impressionner. La mise en scène, bien que statique, s'avère en premier lieu inspirée, et la performance des acteurs est assez notable. Entre diction sans reproche, et conviction dans leur personnage, ils incarnent tous de puissantes figures historiques, et livrent des monologues poignants. En particulier James Mason, en Brutus idéaliste et noble qui se voit convaincu d'éliminer un tyran potentiel, et Marlon Brando impérial en Marc-Antoine fidèle à César (le choix de Brando, américain et peu habitué à la grande élocution, était osé à l'époque). A ce niveau, la tirade de Marc-Antoine devant le peuple romain est devenue célèbre, à juste titre.
Le pouvoir d'attraction du film vient aussi, évidemment, des dialogues de Shakespeare. S'ils résonnent encore aujourd'hui, il faut bien admettre qu'ils sonnent parfois pompeux, et que leur respect rend certaines scènes légèrement rigides ou surfaites. Mais on y trouve des thématiques modernes, telle la critique de l'ivresse du pouvoir, ou un avertissement sur la facilité à manipuler les foules. Des thèmes liés au fascisme, que critique le film (l'aigle romain, montré allègrement à plusieurs reprises, étant par exemple très similaire à l'aigle du 3ème Reich, symbole encore récent à la sortie du film).
"Julius Caesar" est donc une adaptation de qualité, et bonne occasion de découvrir Shakespeare (ou le travail de Joseph L. Mankiewicz !).