Sorti en 1962 et réalisé par François Truffaut, Jules et Jim est le troisième film de son réalisateur. C’est un drame romantique en noir & blanc adapté du roman du même nom d’Henri-Pierre Rochéde, publié en 1953. C’est un pur film de triangle amoureux dans lequel une personne, ici une femme Catherine, aime deux autre personnes, ici deux hommes Jules et Jim (d’où le titre du film), C’est Jeanne Moreau interprète Catherine, après une brève apparition dans Les Quatre Cent Coups le premier film de François Truffaut, Et pour interpréter respectivement Jules l'Autrichien et Jim le Français, François Truffaut a eu recours à Oskar Verner et Pierre Serre. A noter également la présence remarquée de Cyrus Bassiak (alias Serge Rezvani) en guitariste accompagnant Jeanne Moreau pour la chanson Le Tourbillon de la Vie qui est devenue si célèbre. Si la BO du film est bien signée de Georges Delerue (collaborateur fidèle de Truffaut), on se souviendra surtout de cette chanson composée par Serge Rezvani et interprétée par Jeanne Moreau.
Dans le Paris des années 1910, on retrouve deux jeunes amis Jules et Jim qui partagent la même passion pour la musique et pour l’art, Et cette amitié inséparable va souffrir de l’arrivée de Catherine dans la vie de Jules qui tombera follement amoureux d’elle et souhaitera l’épouser, Il la présentera à Jim et de cet rencontre naîtra une tension entre les deux amis qui tombent amoureux de la même femme. Quant à Catherine, elle ne semble pas vouloir faire son choix. C’est donc le parfait schéma du triangle amoureux.
Ensuite, on passera plusieurs années en leur compagnie, avec la première guerre mondiale au milieu qui va les séparer, chacun engagés dans les deux camps opposés, en espérant que ni l’un ni l’autre ne meurt, ou pire qu’ils doivent s’affronter. Catherine choisira d’épouser Jules, mais Jim reviendra dans sa vie et deviendra son amant, ce qui sera une source de tension pour le(s) couple(s). La tension sera d’autant plus grande entre les deux amis que Catherine deviendra la mère d’une petite fille Sabine, Le cercle familiale s’agrandit avec Catherine, le mari, l’amant et la petite fille.
C’est un film assez libertin (toutes proportions gardées) et dans la mouvance de La Nouvelle Vague qui aspire à plus de liberté et qui veut casser les codes du cinéma « à papa ». C’est aussi un film sur la perte de l’innocence, ici pour l’amour d’une femme, mais aussi par rapport aux atrocités de la guerre, la difficulté de fonder une famille et d’en assumer les responsabilités. Le passage qui illustre au mieux cette innocence des débuts est cette scène devenue très célèbre de la course sur le pont, Après cette scène, plus rien ne sera pareil, leur amitié ne résistera pas à l’arrivée de la guerre et à leur rivalité pour conquérir Catherine. La tension est palpable dans un camp comme dans l’autre, lors de leurs retrouvailles après la guerre. On ne retrouvera plus les scènes de joie de la première partie du film. Les scènes de joie laissent place à un climat tendu et orageux, jusqu’à la scène finale brutale et tragique ...
Catherine feint de renoncer à lui mais, sous les yeux de Jules, l'invite à une promenade en voiture et se précipite dans la Seine avec lui. Jules assiste alors à l'incinération des deux corps.
Le film dure un peu moins de deux heures et on ne s’ennuie pas une seule seconde, c’est parfaitement rythmé et on retiendra plusieurs scènes marquantes, la course sur le pont, la chanson Le Tourbillon de la vie (Vanessa Paradis l’avait reprise au Festival de Cannes pour un prix d’honneur décerné à Jeanne Moreau) et une scène de fin poignante. Par contre, je me serais bien passé de cette voix-off qui semble avoir été rajouté au dernier moment pour combler les trous et ne pas perdre les spectateurs. Mais voilà, cette voix-off va à l’encontre de l’immersion et nous fait sortir du film. Dans la même idée, je pense tout de suite à la voix-off dans Blade Runner.
Jules et Jim est un très joli film sur l’amitié masculine qui est mis en péril par l’arrivée d’une femme. C’est un film qui montre la complexité des émotions humaines et les dilemmes passionnels qui en découlent. Cette situation (le triangle amoureux) engendre de la rivalité, de la haine, de la violence …
Voire même, comme ici, peut aller jusqu’à la mort.
Bref, je ne sais pas vous, mais moi en voyant ce film, j’ai été pris par le tourbillon de la vie.