On peut voir "Jules et Jim", adaptation par Truffaut de l'un de ses livres préférés, comme le passage d'un homme de mots vers un monde d'images, un véritable hymne au plaisir (communicatif) d'entre en cinéma... Tout en gardant un ton très littéraire, Truffaut met en scène la rage d'aimer, à travers de superbes scènes purement visuelles, et réussit le tour de force de générer une impression de pureté absolue à partir d'une histoire que l'on peut estimer "scabreuse" : il évoque la discipline fervente d'une femme libre et moderne, à la recherche de l'amour idéal - à réinventer. Et Jeanne Moreau, cachée derrière le titre trompeur des deux prénoms masculins, est le pilier central du film, égérie grave et gourmande d'une nouvelle ère. [Critique écrite en 1992]