J'ai besoin d'exorciser ce film, qui m'a mis mal à l'aise tout le long du visionnage et qui me hante depuis.
Le titre de cette critique est la traduction du titre anglais du film. Et ce titre illustre parfaitement à quel point le film déteste son personnage principal, Julie. Le film l'illustre en faisant échoué à la fois va vie professionnelle - elle passe de première de promo en médecine à vendeuse dans une librairie pendant les 12 chapitres - et sa vie personnelle. Elle finira ainsi vielle fille, constatant que son ex, qui a toujours refusé d'avoir des enfants, en a désormais un avec sa nouvelle compagne. Et personnellement quand un film s'efforce à ce point de montrer que son personnage est antipathique, il est impossible pour moi de m'y attacher.
L'autre principale problème de l'histoire sont les histoires d'amour de Julie et notamment la première. A Aucun moment le film montre de l'alchimie entre les deux personnages. Nous aurons le droit qu'à des moments d'extrêmes platitude ou de dispute. On n'y croit à aucun moment. Pire, dès le second chapitre on peut constater que ces deux personnes n'ont rien à faire ensemble. Le film ne se rend jamais compte de ce problème et va s'évertuer à nous faire croire que ces deux personnages étaient âmes sœurs et que Julie, par sa bêtise, à rater la chance de sa vie.
Si ce n'était que ça, ce film serait juste mauvais et je serais passé à autre chose, mais en plus de cela, le film porte des idées immondes et je ne comprends absolument pas comment il peut être porté en exergue par la presse et les spectateurs.
Le film est un ramassis de sexisme, empilant les poncifs concernant les femmes et aucun personnage n'y échappe. Nous avons donc la mère, simple tapis, qui n'aura aucune interaction digne de ce nom avec Julie et qui n'influera jamais sur sa vie. Dans le second chapitre nous avons le droit à la description des femmes de 40 ans, rabats joie et hystériques. L'ex du second amoureux de Julie est, elle directement mis en scène de manière ridicule lors d'une rencontre avec un renne. Rencontre qui sera à l'origine de son militantisme environnemental, ainsi que ces 3,8% (oui le film insiste sur ce pourcentage) d'ascendance aborigène. Mais Joachim Trier ira encore plus loin, en montrant que la seule chose qui intéresse cette femme, symbole d'une jeune génération engagée, sont en réalité les vues et les likes et qu'elle est prête à montrer son cul sur Instagram pour y arriver.
Enfin nous avons la journaliste, présente dans une scène qui se permet d'être sexiste et totalement réactionnaire. La journalise est dépeinte comme agressive, souhaitant uniquement se payer la tête d'un homme blanc alors que ce dernier est calme et prêt à débattre sur le fond. Joachim Trier montre là toute son empathie pour le personnage de l'auteur, et critique un monde où la cancel culture ferait des ravages. Nous aurons également le droit à une scène où Trier regrette le temps où les femmes de 30 avaient déjà accompli de grandes choses comme avoir 6 enfants ou bien encore 7 enfants et même 3 enfants.
Pour autant, Joachim Trier est totalement obsédé par le corps de sa jeune actrice, comme l'auteur par celui de Julie (et ça tombera bien car celle-ci est fascinée par les mi-molles). Trier qui déteste cette nouvelle génération, qui ne va plus au disquaire et avec laquelle on ne peut pas discuter philosophie, se déteste pour cela. Il fera donc également souffrir son alter-égo auteur, qui sera jeté comme une chaussette par Julie qui lui préférera un jeune éphèbe avec qui elle peut enfin faire la fête. Histoire de compléter le bingo des pervers, Trier accable Julie d'un complexe d'Œdipe avec son père absent.
La fin est là encore un supplice, durant laquelle le spectateur est censé ressentir quelque chose pour le personnage de l'auteur, et où Julie devient simple témoin de la vie de ce dernier, et qui permet à Trier d'insister sur le fait que la jeune génération doit écouter les sages hommes blancs sous peine de grands malheurs dans leur vie.
Regarder Julie en 12 chapitres, revient pour moi à regarder une œuvre d'un quarantenaire pervers, frustré et dépassé par le monde qui l'entoure.