Un film qui tombe à plats
Si Julie & Julia était un plat, ce serait sans doute un bon gros pudding écoeurant. Venant de la cuisinière Nora Ephron, c'est à peine étonnant, tant l'ensemble déborde de niaiserie et de fadeur. Surtout que Julie & Julia souffre d'une sorte d'"effet Cyril Lignac" : l'adaptation française est insupportable (sachant que 90% des concepts "novateurs" de Lignac ne sont que des plagiats d'émissions anglaises, je précise). Rarement une VF aura été aussi catastrophique. Les baragouinements de Meryl Streep sont une torture pour les oreilles. Si l'on associe les musiques d'un Alexandre Desplat en roue libre, on obtient une sorte de mélasse sonore à vous en donner des crises de foie.
Graphiquement c'est plutôt mignon, mais le tout sent cruellement l'arôme artificiel. Tout est propret, coloré comme il faut, sans la moindre aspérité. Le Paris de Nora Ephron, c'est une image d'Epinal, un petit théâtre de marionnettes sans âme, ni vie. Nora Ephron n'a d'ailleurs jamais dû visiter Paris. Tout comme elle doit s'en foutre complètement de la cuisine. Car après tout, c'est bien de cuisine qu'il s'agit dans ce film. Et pourtant il en est si peu question : les plats se succèdent à vitesse grand V, sans qu'on prenne le temps de s'intéresser à ce qui fait le sel de cet art : la préparation, le rapport à la nourriture, le travail de l'ingrédient...
Il en résulte un maelström informe, sans aucun intérêt : les deux parties sont bâclées et l'on ne s'attache finalement ni à Julie ni à Julia. Le destin de Julia ne nous fait ni chaud ni froid, tant le manque de péripéties dans son intrigue et la transparence des personnages qui l'entourent semble être un tapis rouge déroulée aux pieds d'une Meryl Streep qui, à force de cabotinage et de surjeu complètement faux, nous aveugle avec sa grosse pancarte clignotante où on peut lire « Rôle à Oscar ». Quant à Julia, l'intérêt de son sacerdoce nous échappe définitivement, et l'absence de toute vraie répercussion de son défi sur l'intrigue rend l'ensemble soit banal au possible (la dispute avec son mari) soit ridiculement survolé (la réaction de Julia Child vis-à-vis du défi de Julie, expédiée en vingt secondes, ou le dénouement du dit défi, inintéressant au possible).
En fin de compte, on ne sait même pas à qui s'adresse ce film. Les mordus de cuisine resteront définitivement sur leur faim, vu que le film à aucun moment ne fait travail de gastronome, et les fans de cinéma fuiront cet objet débordant de guimauve, de colorant et de conservateur. Retournez voir Ratatouille en DVD...