Silence sur le court
Voir Julie se Tait en 2024 a quelque chose de rafraîchissant et de finalement rassurant dans le marigot des films à message se voulant essentiels, ou portant le combat très actuel contre la violence...
le 11 nov. 2024
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🎬 JULIE SE TAIT - Leonardo van Dijl | ⭐ 8/10
Le titre annonce d'emblée la couleur : Julie, jeune espoir du tennis, garde un silence obstiné et assourdissant au moment où son entraîneur est mis en cause suite au suicide d’une autre joueuse.
Primé à la Semaine de la Critique, lors du dernier Festival de Cannes, le film est austère, peu bavard et répétitif. Le dispositif, qui peut de prime abord paraître froid et distant et qu'il faut prendre le temps d'apprivoiser, laisse à son héroïne tout le temps dont elle a besoin pour se libérer de cette emprise, en parvenant à instaurer un suspense permanent : sombrera-t-elle, elle aussi, ou finira-t-elle par réagir ?
Tessa Van den Broeck, pour son premier rôle, incarne parfaitement cette fragilité, cette fêlure cachée, conjuguées à une détermination hors du commun pour atteindre les objectifs sportifs qu'elle s'est fixée. Le sport de haut niveau, l'entraînement et la dépense physique à outrance, comme échappatoire pour évacuer et ne pas trop penser...
Le film impressionne par la rigueur et la qualité de sa mise en scène, que ce soit dans les cadres ou par l'utilisation du son et de la lumière. Des parents constamment filmé dans l'ombre, pour souligner leur passivité, des scènes où Julie joue au tennis sans que l'on ne voie jamais son adversaire, pour accentuer son isolement, une conversation téléphonique glaçante avec l'agresseur, le téléphone posé sur la poitrine de la jeune fille allongée, pour insister sur le poids écrasant et étouffant de cette relation, des plans fixes au cadrage parfait, pour témoigner de l'immobilisme et du piège dans lequel elle est enfermée, des vrombissements sourds qui surgissent de nulle part, pour alerter sur sa colère qui gronde... le film est très maîtrisé, et parvient, par la seule force de sa mise en scène, davantage que par les mots, à témoigner de la difficulté de la libération de la parole, même lorsque toutes les conditions semblent réunies pour être recueillie en toute confiance.
Un impressionnant coup d’essai pour le jeune réalisateur Belge, sur un thématique très proche de celle du film Slalom, sorti il y a quelques années, mais traité et interprété avec bien plus de finesse.
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il y a 7 jours
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