Juliet in Love par Jean Dorel
Judy (Sandra Ng) travaille à l'accueil d'un grand restaurant. Elle vit avec son grand-père dans un petit cabanon au fin fonds des nouveaux territoires. On pense à certains films japonais avec ces trains qui passent devant chez elle. Atteinte d'un cancer du sein, son mari l'a abandonnée.
Jordan (Francis Ng) est un glandeur. Il joue aux courses avec son meilleur ami. Cheveux rasés, éternellement vêtu d'un blouson orange, il se fait arrogant quand Judy lui annonce qu'il doit attendre qu'une place se libère. Il se fait passer pour M. Cheng (Simon Yam), un membre de triades.
Voilà comment se rencontrent Judy et Jordan, deux ratés de la vie qui n'attendent qu'une seule chose : en finir. Or, tout est affaire de hasard dans Juliet in love. Leur rencontre tout d'abord, puis ce qui va les rapprocher. Ce sera le bébé de M. Cheng qu'il a eu avec sa maîtresse, une Chinoise du continent. L'épouse de Cheng ne l'entend pas de cette oreille et plante un coup de couteau dans le bas ventre de son époux. La prochaine fois, ce sera entre les jambes dit-elle.
Ce sont les moments de creux qui sont décrits. Comme dans Bullets over Summer ou The Mission de Johnnie To. L'attente est la maître mot des personnages : au restaurant (Jordan attend qu'un table se libère puis le retour de Cheng), dans une cantine (le comparse de Jordan l'attend avec l'argent de leur dette tandis que les autres mangent), chez Judy (l'une et l'autre prennent à tour de rôle la garde du bébé), pour avoir son permis (Eric Kot, qui apprend la conduite à Judy, est secrètement amoureux d'elle). Le cadrage est très sobre, les acteurs souvent filmés en plan d'ensemble dans des plans séquences.