Julieta par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Il s'est passé du temps, trop de temps avant que Julieta arrivée à la cinquantaine réagisse positivement à un événement qui ravage depuis très longtemps sa vie. Cette femme amante de Lorenzo s'apprête à aller vivre au Portugal mais brusquement change d'avis après une rencontre fortuite avec Bea, l'amie d'enfance de sa fille. Elle décide alors de louer en cachette un appartement à Madrid afin d'élucider ce terrible secret qui lui ravage le cœur et l'esprit, retrouver sa fille Antia dont elle est sans nouvelles depuis de trop longues années lorsqu'une lettre arrive...


Et il convient de remonter le fil de la vie de Julieta pour se rendre compte de l'ampleur du choc subi par cette femme à l'époque toute jeune mère de famille. A ce moment elle exerce le métier de professeur de grec et passionne ses élèves grâce à ses hautes connaissances en mythologie. La vie est donc un long fleuve tranquille d'autant qu'elle fait la connaissance lors d'un voyage agité en train de Xoan. Celui-ci est marin pêcheur et réside dans un village de Galice. Les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre et vont avoir la joie de donner naissance à une petite fille, Antia.
Rien est toujours lisse dans la vie et lors d'un accrochage entre Julieta et Xoan, celui-ci part à la pêche sur son bateau mais le soir, un terrible orage éclate dans la région, la mer est en furie, le jeune homme a disparu. Antia partie chez Bea sa meilleure amie disparaît à son tour sans donner le moindre signe de vie. La culpabilité ronge Julieta qui est persuadée être la responsable de ce drame familial et de quelques autres malheureux événements dont il lui est impossible de se dédouaner.


La jeune femme vit maintenant avec Lorenzo mais rien n'y fait, les pensées restent tournées vers l'énigme posée par sa fille. Un beau jour, le hasard faisant pour une fois bien les choses, Julieta rencontre donc Bea. Elle connaît enfin une bribe de vie de sa fille. Elle entreprend alors la rédaction d'une très longue confession afin de faire part à Antia de ses ressentiments et de la lourde culpabilité qui pèsent des tonnes dans sa conscience.


Je dois avouer que j'aime traiter ce genre de sujet lors de mes critiques mais là, je ne savais pas par quel bout commencer tant ce portrait de femme à la vie contrariée, souffrant et se culpabilisant de la fuite de l'être auquel elle tient le plus au monde est touffu. J'ai entendu parler d'un film émouvant à l'extrême arrivant même à tirer quelques larmes aux spectateurs. Personnellement je n'ai rien ressenti de tout cela. Alors faut-il en vouloir aux acteurs ? Non, ils sont excellents. Faut-il en vouloir à la mise en scène ? Absolument pas, tout est très sophistiqué et Pedro Almodovar nous montre à nouveau qu'il reste un maître de la caméra. En fait mon impression provient de la construction de l'intrigue. Pourquoi a t-il fallu que le réalisateur emprunte des chemins tortueux pour nous conter une bouleversante histoire ? L'intrigue aurait été si belle, si émouvante si le cinéaste avait joué la simplicité en nous laissant découvrir sans détour les péripéties de la vie de Julieta et de ceux qui l'entourent.
Total, les faits s'entremêlant tout au long de l'œuvre, je dois avouer que mes émotions ce sont envolées et je ne me suis pas senti vraiment impliqué dans ce drame vécu par la jeune femme.
Techniquement, le film est donc fort bien réalisé avec des plans plein de trouvailles esthétiques superbes dont Pedro Almodovar a le secret. L'interprétation de nos "deux Julieta" est tout à fait convaincante, Adriana Ugarte et Emma Suarez entrent de très belle manière dans la peau très complexe et désespérée de leur personnage. C'est également un plaisir de voir à nouveau sur l'écran l'actrice fétiche du réalisateur Rossy de Palma dans un rôle assez ingrat. Je veux citer également Daniel Grao très crédible dans le rôle de Xoan. Dans cette tragédie, la musique tient un rôle absolument indispensable et là, il faut saluer le génie de Alberto Iglesias et de Chavela Vargas qui est ici exceptionnel.


Pedro Almodovar n'a pas réussi à convaincre le jury du "Festival de Cannes" et je dois dire que moi aussi j'attendais une œuvre beaucoup plus poignante. Je mets tout de même une note très honorable car le film ne manque tout de même pas de qualité mais j'ai l'impression d'être passé à côté d'un miracle apporté par un sujet très fort, dommage !


Note: 7/10

Grard-Rocher
7
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le 22 mai 2016

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