« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »

Voilà la bonne grosse surprise de ce retour dans les salles ! Pourtant, le synopsis peut faire craindre le pire : une jeune femme timide tombe éperdument amoureuse de la nouvelle attraction à sensations du parc à thème dans lequel elle est gardienne de nuit. Premier long-métrage de Zoé Wittock, Jumbo est une histoire d'amour hors-normes, une ode à la différence touchante ainsi qu'un portrait étrange mais plein de poésie. Au début, on avance à tâtons, ne sachant pas trop comment le scénario va nous faire gober ça mais force est de constater que la mise en scène est léchée et riche en détails, servie par de très belles lumières qui ouvrent la voie de la fantaisie. Mais d'abord, on se familiarise avec une relation mère-fille fusionnelle, seules contre tous, nous rappelant un peu les personnages délurés de Xavier Dolan, notamment dans leur accoutrement. J'ai totalement redécouvert Noémie Merlant et Emmanuelle Bercot, que j'ai déjà vu joué mais dont les rôles ne m'avaient pas marqué. La première signe un personnage lunaire et solitaire, fusionnant douceur et sensibilité tandis que la seconde se veut plus raisonnée, extravertie, aimante et dure. J'ai beaucoup apprécié le travail lié au corps, entre ouverture et crispation, mais aussi face à la machine. Car oui, cette romance suit le même développement qu'une relation amoureuse classique : la rencontre, l'idylle, le moment où cet amour est consommé, le regard des autres, les obstacles... Le registre est dramatique, réaliste mais avec ses envolées oniriques. En effet, Jumbo communique et a ses humeurs. Les scènes embarquées sur le manège, symbolisant l'amour physique, sont superbes. J'ai été fasciné par l'évolution et le chemin du personnage de Jeanne, inadaptée au monde des humains, semblant trouver en cette machine à sensations un idéal accessible. Le personnage est magnifique, et même si l'on perçoit qu'un trauma est à l'origine de cette dévotion, jamais son amour n'est perçue comme une anomalie, en tout cas du point de vue du spectateur. Et c'est ça qui rend le film extrêmement touchant et particulier. Je ne pensais pas que Jumbo me parlerait autant, mais il faut croire qu'il s'en dégage assez de magie pour qu'on lâche prise face à cette histoire originale. C'est un oui !

alsacienparisien
8

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le 6 juil. 2020

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