Quand la Foire du Trône se transforme en baisodrome

(vous m'excuserez pour ce titre "putaclic", qui ne reflète en rien mon avis sur ce film)


Pour son premier long-métrage, Zoé Wittock s’est attelée à un sujet qui pourrait prêter à sourire (surtout si l’on fait d’une absence totale d’ouverture d’esprit), une histoire pas banale et qui, on l’imagine aisément, a dû mettre du temps à voir le jour (ne serait-ce que pour trouver les financements).


Jumbo (2020), c’est une histoire d’amour à la fois poétique et mécanique. Le film traite d’un sujet qui a été rarement abordé dans les médias, il s’agit de "l'objectophilie" (ce terme désigne une attirance amoureuse et / ou sexuelle pour un objet inanimé). Loin d’être une maladie, elle touche principalement des personnes ayant été victimes d’un trauma ou présentant une forme d’autisme.


En prenant la peine de faire quelques recherches, on découvre rapidement quelques cas dénombrés aux quatre coins du globe, notamment Erika Eiffel (qui s’est mariée à la Tour Eiffel en 2007), Amy Wolfe Weber (qui s’est mariée avec une montagne-russe en 2009), Carol Santa Fe (qui a épousé une gare en Californie en 2015) ou encore Edward Smith (qui a des relations sexuelles avec une Volkswagen Coccinelle qu’il a nommé Vanille).


Zoé Wittock de son côté, nous dépeint le portait d’une jeune femme fragile, timide et autiste. Cette dernière travaille dans un parc d’attraction et voue un culte aux manèges (qu’elle reconstitue chez elle avec minuties). Mais ce que l’on va rapidement découvrir, c’est que Jeanne développe d’étranges sentiments envers Jumbo (une attraction qui s’apparente à une pieuvre géante, dont les 6 bras articulés sont équipées de nacelles).


A la manière d’un coming-out métaphorique, le film suit l’histoire d’amour atypique de Jeanne, de son acceptation à sa révélation aux proches en passant par le regard des autres. Le film aurait pu pousser le bouchon d’avantage dans le fantastique, au risque de perdre quelques spectateurs en cours de route, mais on peut comprendre que Zoé Wittock n’ait pas voulu prendre de si gros risques pour un premier film.


Le film nous séduit d’entrée de jeu par la prestation bluffante de Noémie Merlant (et le duo qu’elle forme avec Emmanuelle Bercot). Visuellement beau, empli de poésie et de fantaisie, avec une certaine recherche tant au niveau sonore, mise en scène & esthétique.


Projeté à Sundance et à la Berlinale, le film n’est clairement pas passé inaperçu et c’était mérité. Cela n’augure que du bon pour la suite de sa carrière de jeune réalisatrice.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger

RENGER
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le 5 juil. 2020

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