Pauvre futur
En regardant ce film j'ai appris que Cocktail en coréen se dit...aussi Cocktail sinon de la part de Yeon Sang-Ho voilà un film de SF décevant et sans grand intérêt. Jung_E fait songer à du sous...
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le 22 janv. 2023
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Tout d'abord, c'est le premier film que je voie du réalisateur sud-coréen Yeon Sang-Ho. Non, je n'ai même pas encore regardé Dernier Train pour Busan (vous avez le droit de me maudire pour 99 générations à cause de cela !). Ce qui fait que je n'attendais rien de particulier, que ce soit en termes de contenu qu'en termes de qualités. Et vu le résultat qu'est Jung_E, c'est mieux ainsi.
Bon, je ferme les yeux en ce qui concerne l'univers visuel, pompé pas mal sur la saga Terminator, pour me contenter de souligner que la séquence d'action, commençant l'ensemble, a des chorégraphies et des effets spéciaux qui assurent le spectacle. Mais disons que l'heure suivante, ce sont principalement des personnages qui discutent, qui discutent, qui discutent, en cherchant à résoudre un truc que le spectateur a compris dès le début. Il y a mieux comme enjeu et c'est très énervant quand des protagonistes d'un film ont dix trains de retard sur les spectateurs.
Pour le côté bavard de l'œuvre, c'est inutile d'afficher un long message au tout début, nous mettant dans le contexte de l'histoire, si c'est pour le redire un peu plus tard (par la même occasion, une fois, ce contexte exposé, à deux reprises, il est totalement laissé de côté ensuite !). Et ce n'est vraiment pas la peine de filmer une discussion pour expliquer des choses si c'est pour les montrer, à nouveau, par le biais d'un flashback.
Ensuite, pourquoi Yeon Sang-Ho (aussi le scénariste du long-métrage !) a intégré un personnage, à savoir celui du directeur, aussi abruti, provoquant, à travers ce que l'on ne peut pas appeler "humour", un grand agacement, faisant traîner inutilement certains moments en longueur sans rien apporter si ce n'est de la lourdeur. En outre, c'est censé être le principal antagoniste du récit, devant donc dégager un sentiment de menace, d'angoisse. Or, on ne peut être angoissé par un méchant qui n'a fait qu'agacer jusqu'ici par des blagues nulles mal placées.
Et, même si elle est assez prévisible, la révélation que cet adversaire soit un robot (d'ailleurs, pourquoi en avoir créé un aussi con ?) aurait été plus percutante si elle était apparue lors de l'affrontement final, lorsque lui-même le découvre, pouvant mieux permettre de partager son choc, au lieu de le dévoiler plus tôt, dans une scène dans laquelle sa présence n'avait aucune nécessité.
Ah oui, autant pour les intérieurs du laboratoire, le CGI est tout à fait convenable, autant les "extérieurs" urbains puent le fond vert à mort.
Bon, après que la protagoniste (jouée par Kang Soo-yeon, malheureusement décédée, dont c'est le dernier film, qui lui est dédié !) a découvert ce que le spectateur avait saisi depuis Mathusalem, ça redémarre enfin. Ouais, il est temps, il reste vingt minutes, avant le déclenchement du générique de fin, lors desquelles il y a quelques interrogations morales sur l'intelligence artificielle et ce qui peut en être fait. J'oublie que la plupart de ses questionnements ont déjà été posés dans la série Westworld pour plutôt regretter que tout ceci n'ait pas été incorporé auparavant et tout du long dans l'intrigue, pour que cet aspect soit réellement développé. Pourtant, il y avait une chose pas inintéressante, à base de classes sociales (ayant pour conséquence que les plus démunis morflent, bien sûr !), qui était le germe d'une bonne idée scénaristique. Et c'est à partir de là aussi que le personnage principal, faisant la même tronche constamment, empêchant le moindre attachement, montre qu'il a d'autres expressions du visage en réserve. Bordel, l'heure précédente a pratiquement servi à que dalle.
C'est dommage que ces vingt dernières minutes soient phagocytées, lors des instants d'émotion, par une chiasse musicale, à base de violon et de piano (seuls instruments semblant exister pour les compositeurs de BO sans talent et imagination et qui les utilisent n'importe comment !), déjà entendue un milliard de fois ailleurs, et lors des instants spectaculaires, par un manque d'originalité flagrant en hésitant sans cesse sur qui, de Brad Fiedel avec Terminator ou de Hans Zimmer, va être plagié.
Bref, pour moi, Jung_E a plusieurs défauts, sur tous les aspects de la mise en scène, mais ce qui est, ici, le plus dommageable, c'est qu'il y a des éclairs de potentiel sur le plan narratif, qui auraient pu avoir la capacité d'aboutir à quelque chose de correct et de consistant, à n'être jamais creusés. Bon, je peux l'inscrire sur la liste des nombreux films Netflix (plateforme qui, toutefois, arrive à donner quelques belles pépites, donc, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !) tout de suite oubliables et oubliés.
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Créée
le 21 janv. 2023
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