La croisière s’amuse

Il est pour le moins étonnant de trouver le nom de Collet-Serra au générique de cette comédie Disneyienne. Pour mémoire, le Catalan s’est surtout fait connaître pour ses thrillers horrifiques. Ceci dit, il est tout aussi inattendu qu’un film de plus de deux heures naisse de « l’adaptation » d’une attraction de Disneyland. Drôle d’époque, les enfants.

L’histoire commence en 1916, à Londres où nous faisons la connaissance du Dr Lily Houghton, chercheuse en botanique contestée par ses pairs couillus et de son frère, précieux couard fidèle. Ils partent en Amérique du Sud sur les pas de Aguirre à la recherche d’une plante miraculeuse. Là-bas, ils rencontrent un guide haut en couleur et font face à une malédiction et à un officier allemand par définition très méchant.

Quelque part entre Pirates de Caraïbes et Indiana Jones, il y a ce Jungle Cruise qui parvient bien combiner les deux univers et surtout les deux ambiances. C’est une manière de dire que tout ça fonctionne très bien. L’humour fait souvent mouche et l’aventure se vit à toute vitesse. De ce point de vue, c’est une vraie réussite. A l’interprétation, idem, ça marche bien. Dwayne Johnson semble à son aise dans cet ersatz d’Allan Quatermain, un rôle qui l’éloigne du M. Muscle habituel. C’est surtout Emily Blunt qui s’en sort à merveille, d’une beauté simple dans un rôle physique taillé pour elle. On notera aussi le plaisir de retrouver Jesse Plemons. On aimera également ce discours féministe, certes un poil trop sage. Bref, ça virevolte à toute allure, ça enchaîne les vannes et ça tient un suspens. Pour autant, la copie n’est pas parfaite. L’image est lisse comme la peau d’un mannequin dans une pub pour un anti-ride et les couleurs sont soigneusement patinées, comme si on voyait le film à travers un filtre insta. En clair ça manque de corps et d’aspérité. Le défaut majeur sera sûrement du côté de l’intrigue. Celle-ci se perd quand elle aborde la malédiction et elle se fait prétexte à l’insertion de la soupe numérique habituelle. A mon sens, c’est une faute de goût et un coup de coude beaucoup trop appuyé à la franchise « Pirates des Caraïbes ». Un air de déjà vu parfaitement dispensable. Le linguiste qui est en moi chipotera encore une fois sur le choix des langues utilisées. On se retrouve encore avec des personnages Allemands qui parlent anglais avec un accent de caillou et le castillan du coin se réduit à deux ou trois mots, histoire de faire couleur locale.

Bref, c’est à coup sûr un bon moment sans prétention. Il ravira les gosses et n’ennuiera pas leurs accompagnateurs. Un film d’aventure à l’ancienne, dans l’ensemble drôle et efficace. Reste que c’est du prémâché dont l’ambition artistique ne va pas très loin, pas suffisamment pour espérer compter autant que ses illustres modèles.