Un film faussement simple sur un sujet réellement compliqué.
Juno n'est pas le film auquel je m'attendais, et c'est tant mieux.
Je voyais débarquer, gros comme le ventre d'une femme enceinte, un truc mielleux ultra catho à la sauce 7 à la maison. La façon dont Juno McGuff était présentée, esprit rebelle anti-conformiste et simplement "différente" représentait, dans mon esprit, ce qui incarne le mal pour les (ultra) conservateurs. Tout ce que je cherchais à savoir à ce moment c'était si le film allait être intelligent ou non, j'entends si il comptait montrer directement ce qui est "mal" ou le faire comprendre un peu plus finement.
Puis au fur et à mesure j'ai commencé à apprécier le personnage d'Ellen Page. Si il me semble totalement irréel de voir une fille de 16 ans avoir un sens de l'ironie et surtout de la répartie aussi grand, ça ne m'empêche pas de l'apprécier.
Juno décide très tôt de ne pas avorter mais de partir à la recherche du couple idéal. Là on reste dans un ton conservateur digne des USA puisqu'elle ne se décide finalement pas à avorter. Je ne vous dit pas quelle est l'action qui lui fait changer d'avis mais si vous regardez le film vous vous rendrez assurément compte que cette action n'est pas aussi idiote qu'elle se présente à vos yeux. La vie c'est comme ça, quand on change d'avis ce n'est pas forcément la dernière action qui est la plus déterminante et la plus lourde de sens, non c'est simplement la dernière. Celle qui vous fait vous rendre compte de tout, ou qui vous a poussé dans les limites de vos retranchements.
Cette idée de film ultra conservateur dont je partais a diminuée petit à petit jusqu'à ne plus vraiment exister.
Juno n'est pas un film sur le débat de l'avortement, mais alors vraiment pas. Juno est un film sur une génération, je n'entends pas une génération qui passe son temps à baiser et qui se fiche de tout. Cette action d'être enceinte semble n'être qu'un prétexte, celui de découvrir le changement et la vision déjà différente d'une jeune fille.
On ne montre jamais vraiment de moments difficiles, on peut critiquer ce point en lui donnant ce côté politique que je voulais lui imputer, ce n'est pourtant pas aussi simple.
Si aucun problème ne semble être exploité en profondeur c'est que le film semble fournir le regard de Juno. Une fille qui aime la vie et accepte sa différence et dont l'optimisme reviendra toujours, ses parents l'ont éduquée dans cet optique et ça se ressent.
Je peux comprendre le point de vue du New York Times (voir effet Juno) mais oui le film rend tout simple, peut-être même trop. Pour un sujet pareil la juste mesure est infiniment délicate mais je trouve qu'il s'en sort plutôt bien.
Ce n'est pas un truc scolaire ou hyper engagé sur un sujet de débat, il ne va pas vous dire comment mettre une capote ou pourquoi ne pas avorter.
Non, il vous laisse libre mais vous montre que pour Juno ça c'est bien passé car elle a toujours décidé d'avancer.
Juno est le genre de film qui ne vous dit trop rien mais qui peut vous laisser penser pleinement réfléchir de votre côté, tout en vous laissant des codes sans pour qu'autant vous vous en rendiez compte. Et encore une fois c'est le ton que j'apprécie dans des sujets délicats.